PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron menace de prendre, s'il est élu président, des mesures à l'encontre de la Pologne, qu'il accuse d'enfreindre "tous les principes" de l'Union européenne dans une interview accordée jeudi à la presse régionale.
Le favori des sondages fait notamment allusion au projet de délocalisation dans ce pays de l'usine Whirlpool d'Amiens, où le candidat d'En Marche ! a fait un déplacement houleux mercredi.
Selon son conseiller pour les affaires européennes, Clément Beaune, il entend adresser un "signal de force", non seulement aux alliés européens de la France, mais également à la Russie de Vladimir Poutine et aux Etats-Unis de Donald Trump.
"Dans les trois mois qui suivront mon élection, il y aura une décision prise sur la Pologne. Je mets ma responsabilité sur la table sur ce sujet", dit Emmanuel Macron dans cet entretien, dont La Voix du Nord publie des extraits sur son site internet.
"On ne peut pas avoir un pays qui joue des écarts fiscaux sociaux au sein de l’Union européenne et qui est en infraction de tous les principes de l’Union", justifie-t-il.
Emmanuel Macron élargit cependant son propos à la question plus générale des valeurs de l'Union européenne.
"Je veux que sur le non-respect des droits et des valeurs de l'Union européenne, des sanctions soient prises", dit-il.
"On ne peut pas avoir une Europe qui débatte de la décimale sur chacun des sujets budgétaires de chaque pays et qui, lorsque vous avez un pays membre de l’Union européenne qui se comporte comme la Pologne, ou la Hongrie, sur des sujets liés à l’université et au savoir, aux réfugiés, aux valeurs fondamentales, décide de ne rien faire."
Selon Clément Beaune, ce sujet tient à coeur à Emmanuel Macron, le plus européen des candidats qui étaient en lice au premier tour de la présidentielle.
"Il assume d'être pro-Européen mais on ne peut pas être européen sans faire respecter des principes fondamentaux", a expliqué son conseiller à Reuters. "C'est aussi un signal de force et de crédibilité général vis-à-vis de la Russie, vis-à-vis des Etats-Unis et, en interne, vis-à-vis des Européens."
L'ex-ministre de l'Economie prône par ailleurs "une autre Europe, une Europe qui protège".
Les sondages lui prêtent pour l'heure une avance d'environ 20 points sur la candidate du Front national, Marine Le Pen, dans les intentions de vote avant le second tour, le 7 mai.
Emmanuel Macron promet à ce propos de ne pas reproduire "l'erreur de 2002", quand Jacques Chirac, très largement vainqueur au second tour du père de Marine le Pen grâce à un front républicain contre le FN, n'avait finalement nommé qu'un gouvernement réduit à sa propre famille politique.
L'ancien ministre de l'Economie de François Hollande assure ainsi qu'il permettra "à toutes les sensibilités politiques républicaines d'avoir une part dans la gestion du pays".
(Simon Carraud, avec Emmanuel Jarry et Michel Rose, édité par Gérard Bon)