KUALA LUMPUR (Reuters) - Des élus malaisiens ont réclamé mercredi une enquête sur la mort d'une adolescente qui s'est jetée du toit d'un immeuble après avoir organisé sur Instagram un sondage pour ou contre son suicide.
"Très important. Aidez-moi à choisir D/L", a écrit la jeune fille, âgée de 16 ans, sur le site de partage de photos, "D/L" signifiant death/life (mort/vie). Elle s'est donné la mort quelques heures plus tard, dans la journée de lundi à Sarawak, sur l'île de Bornéo, dans l'est de la Malaisie.
Sur Instagram, 69% des abonnés à son compte avaient choisi "D", a déclaré le chef de la police locale, Aidil Bolhassan.
"Nous conduisons une enquête post-mortem pour déterminer s'il y a d'autres facteurs expliquant son décès", a-t-il ajouté, précisant que la jeune fille était dépressive.
Instagram a examiné le compte de la victime et constaté que le sondage que cette dernière avait mis en ligne et qui s'étendait sur une période de 24 heures s'est terminé par 88% en faveur de "la vie". Mais un grand nombre d'internautes ont pu voter après l'annonce de la mort de l'adolescente, a reconnu une représentante de la société en Malaisie, Serena Siew.
Ramkarpal Singh, membre du Parlement, a déclaré que ceux qui avaient voté pour la mort pourraient être poursuivis pour incitation au suicide, qui est passible de la peine capitale en Malaisie lorsqu'il s'agit d'un mineur.
"Cette jeune fille serait-elle vivante aujourd'hui si une majorité d'internautes sur son compte Instagram l'avaient dissuadée de se donner la mort ?" a interrogé ce député.
En février, Instagram, qui appartient à Facebook (NASDAQ:FB), a supprimé de sa plateforme les images choquantes et les contenus liées à l'auto-mutilation, sous la pression des parents d'une adolescente britannique convaincus que des comptes Instagram relatifs à l'auto-mutilation ou à la dépression avaient contribué à pousser leur fille au suicide en 2017.
(Rozanna Latiff; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)