PARIS (Reuters) - Manuel Valls a assuré mardi qu'il n'y aurait pas de marchandage avec la Turquie, qui a obtenu une aide financière et une relance de ses négociations d'adhésion à l'Union européenne en échange de son aide dans la crise des réfugiés.
La candidature de la Turquie à l'Union européenne était dans l'impasse depuis plusieurs années, l'intérêt d'Ankara pour une adhésion diminuant et les Européens s'inquiétant des penchants de plus en plus autoritaires du président turc.
Mais l'Union européenne a offert vendredi à la Turquie une aide financière qui pourrait atteindre trois milliards d'euros, la perspective d'un assouplissement de l'octroi de visas à ses ressortissants et une relance des discussions sur son adhésion en échange de sa coopération face à l'afflux de réfugiés vers l'Europe.
A l'Assemblée nationale mardi, l'ancien Premier ministre et député Les Républicains François Fillon a demandé à Manuel Valls de clarifier la position de la France quelques jours après un déplacement d'Angela Merkel en Turquie.
La chancelière allemande a à cette occasion confirmé l'offre de l'Union européenne malgré les critiques exprimées sur le rôle de la Turquie en Syrie et la répression des populations kurdes.
"L'issue de ces négociations est ouverte, la question de l'adhésion turque reste une perspective de long terme qui devra le moment venu être approuvée par le peuple français", a déclaré le Premier ministre. "Donc il ne peut y avoir aucun marchandage, aucun chantage mais la nécessité d'une aide à la Turquie".
"Notre intérêt commun est de poursuivre le dialogue engagé depuis plusieurs années maintenant et de la soutenir dans l'effort qu'elle fournit actuellement pour l'accueil des réfugiés syriens", a souligné Manuel Valls.
"Car si nous ne soutenons pas la Turquie et d'autres pays, le Liban et la Jordanie, nous savons que la crise des réfugiés que nous connaissons en Europe sera encore plus dramatique et plus grave", a-t-il ajouté.
Ankara a entamé les négociations formelles d'adhésion en 2005 mais en raison de l'opposition de plusieurs membres de l'UE dont Chypre et la France, seuls 14 chapitres de négociations sur un total de 35 ont été ouverts à ce jour et un seul a été clôturé.
"Onze de ces chapitres ont été ouverts sous la présidence de Nicolas Sarkozy dont vous étiez le Premier ministre, un seul l'a été depuis l'arrivée de François Hollande à la présidence de la République", a lancé Manuel Valls à François Fillon.
Toute nouvelle adhésion à l'UE sera soumise à référendum en France, a ajouté le Premier ministre.
Le chef du gouvernement a par ailleurs appelé la Turquie à "clarifier ses objectifs par rapport à ce qui se passe en Syrie".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)