LYON, Rhône (Reuters) - Marine Le Pen s'est déclarée mardi victime d'une "persécution judiciaire" à son arrivée au tribunal de grande instance de Lyon où elle devait être jugée pour avoir comparé en 2010 les prières de rue musulmanes à l'Occupation.
La présidente du Front National (FN), poursuivie pour "provocation à la discrimination en raison de l'appartenance à une religion", a maintenu ses propos.
"Je suis encore une fois non seulement dans mon droit comme responsable politique d'évoquer un sujet fondamental, mais c'est même un devoir pour moi de le faire", a-t-elle dit devant les micros tendus autour d'elle.
Marine Le Pen a par ailleurs souligné la quasi-concomitance de ce renvoi en correctionnelle avec les élections régionales de décembre, qu'elle explique par une manoeuvre politique dirigée par le gouvernement.
"Nous sommes à un mois des élections régionales alors que cette affaire a cinq ans. Ça ne pouvait pas attendre un mois ?", a dit la présidente de la formation d'extrême droite, tête de liste de son parti dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
"Mme Taubira a décidé de mener à notre encontre une véritable persécution judiciaire, probablement parce que sur le plan politique elle n'arrive pas à démontrer les bienfaits de sa politique", a-t-elle poursuivi.
La chambre d'instruction de la cour d'appel de Lyon avait annulé en 2014 la procédure visant Marine Le Pen pour ses propos, jugeant que l'association qui avait déposé plainte était irrecevable à le faire.
Mais il y a eu ensuite une plainte avec constitution de partie civile du Mrap et d'une autre association de défense des droits de l'homme.
En juillet 2013, le Parlement européen s'était prononcé pour la levée de l'immunité de la présidente du FN, ouvrant la voie à cette procédure judiciaire à Lyon.
En décembre 2010, pendant une réunion publique à Lyon, Marine Le Pen, alors en campagne pour la présidence du FN, avait dénoncé dans un discours les "prières de rue".
"Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait-elle déclaré.
(Catherine Lagrange, édité par Simon Carraud)