PARIS (Reuters) - Marine Le Pen s'est rendue mardi au salon de l'Agriculture en terrain presque conquis et avec l'Europe dans le collimateur après l'accueil houleux réservé les jours précédents à François Hollande et à son Premier ministre Manuel Valls.
La présidente du Front national, qui devait passer dix heures dans les allées du salon, bénéficie depuis 2012 d'une montée en puissance du vote FN chez les agriculteurs et les habitants des zones rurales.
Marine Le Pen, qui a été notamment rejointe par la députée FN Marion Maréchal-Le Pen, a appelé d'emblée à la démission du commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan.
"Pour sauver la peau des éleveurs, il faut faire la peau de Phil Hogan ! Phil Hogan Démission!", a-t-elle tweeté, appelant à "sortir du débat franco-français" et à "engager un violent bras de fer avec Bruxelles".
La chef de file du FN, qui a rencontré des producteurs de lait et des professionnels de la filière porcine dans une atmosphère détendue, a également participé à un déjeuner avec des professionnels de la viande.
Les agriculteurs français préfèrent historiquement les hommes politiques de la droite modérée et du centre.
Mais en avril 2015, un sondage BVA pour le site Terre-net montrait que 36% des agriculteurs se disaient prêts à voter pour Marine Le Pen contre 24% de l'ensemble des Français.
Une percée nuancée cependant par une étude publiée en février 2014 par l'Ifop montrant que le FN avait plus progressé chez les habitants des communes rurales que chez les agriculteurs eux-mêmes.
"C’est dans les communes rurales ne comptant aucun agriculteur que Marine Le Pen a fait ses meilleurs scores, signe que la poussée frontiste a été davantage le fait du malaise des milieux populaires ruraux que l’expression des crises frappant le monde paysan", écrivait l'institut.
Néanmoins, les agriculteurs votent aujourd'hui FN au même niveau que le reste de la population, estime l'Ifop, soulignant qu'au premier tour de 2012, Marine Le Pen a obtenu 19,5% des voix paysannes, contre 18% au niveau national.
Jérôme Fourquet, le directeur du département opinion publique de l'institut, expliquait en marge de cette étude que l'électorat paysan se vivait de plus en plus comme faisant partie des perdants de la mondialisation.
"Dès lors, les paysans sont sensibles au discours protectionniste du Front national et à la dénonciation des méfaits de l'Europe, victimes qu'ils sont du dumping social qui y sévit", soulignait-il.
La désertification des campagnes, la fermeture des services publics, et la hausse de la délinquance en milieu rural semblent également nourrir le vote FN.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)