La compagnie aérienne irlandaise Aer Lingus a accepté sous condition mardi la proposition de rachat améliorée d'International Airlines Group (IAG), la maison mère de British Airways et Iberia, qui cherche désormais à rassurer Dublin.
Le conseil d'administration d'Aer Lingus est prêt à recommander un rachat à 2,50 euros par action plus un dividende de 5 centimes, soit environ environ 1,35 milliard d'euros au total.
IAG en est à sa troisième tentative, ayant auparavant avancé deux propositions à 2,30 et 2,40 euros par action, qui avaient été rejetées.
La nouvelle proposition doit encore déboucher sur une offre de rachat formelle et reste soumise à des conditions, si bien qu'il n'est pas encore certain qu'une transaction aura bien lieu.
IAG doit désormais convaincre les deux principaux actionnaires d'Aer Lingus, Ryanair (29,8% du capital) et l'Etat irlandais (25,1%).
L'Irlande, qui cherche à poursuivre l'assainissement de ses finances publiques, s'est déjà dite prête à vendre sa participation à condition que ce soit au bon prix. Le gouvernement veut aussi obtenir des garanties sur le maintien de l'activité de sa compagnie nationale, essentielle pour le tourisme et l'économie de l'île.
Le ministre des Transports, Paschal Donohoe, devait faire un point sur le dossier en conseil des ministres mardi, alors que la perspective d'une vente suscite l'opposition ou la méfiance d'une partie de la classe politique.
Pour désamorcer ces inquiétudes, le groupe aérien hispano-britannique a promis qu'Aer lingus pourrait continuer à fonctionner en tant que compagnie distincte avec sa propre marque et fournir des liaisons entre l'Irlande et le reste du monde.
"IAG reconnaît l'importance de services aériens directs et des correspondances aériennes pour les investissements et le tourisme en Irlande et a l'intention de discuter avec le gouvernement irlandais pour s'assurer de son soutien pour la transaction", a-t-il souligné.
IAG a aussi fait valoir les avantages de l'opération: Aer Lingus pourra rejoindre l'alliance aérienne Oneworld (qui compte aussi American Airlines, Japan Airlines, Qantas, Qatar Airways...) ainsi que sa coentreprise avec American Airlines sur l'important marché nord-Atlantique.
- Un peu d'air pour British Airways à Heathrow -
Ryanair, qui a pour sa part échoué par trois fois à racheter Aer Lingus dans le passé, sa dernière tentative s'étant heurtée à un veto de la Commission européenne, est également prête à vendre sa participation sous conditions.
"Le conseil d'administration de Ryanair considérera toute offre sur la base de ses mérites, si et quand une offre sera faite", indique la compagnie à bas coûts.
IAG, fruit du rapprochement des compagnies nationales britannique et espagnole en 2011, a déjà réalisé plusieurs acquisitions ces dernières années, avec la compagnie espagnole à bas coûts Vueling et la britannique Bmi.
Après la restructuration d'Iberia, le groupe aérien n'avait pas fait mystère de son intention de continuer à jouer un rôle dans la consolidation du secteur. Le patron d'IAG, Willie Walsh, connaît bien sa nouvelle cible puisqu'il est l'ancien directeur général d'Aer Lingus, une compagnie de 4.000 salariés dont la flotte de 50 appareils dessert essentiellement le Royaume-Uni, l'Europe continentale et les Etats-Unis.
James Hollins, analyste chez Nomura, a salué la "logique stratégique forte de l'opération", citant les économies potentielles et la possibilité pour IAG de renforcer ses opérations transatlantiques depuis une nouvelle plateforme de correspondance à Dublin.
L'opération donnerait aussi un peu d'air à British Airways, qui commence à étouffer sur sa base de Londres Heathrow, un aéroport proche de la saturation. La compagnie britannique pourrait ainsi récupérer de précieux créneaux de décollage appartenant aujourd'hui à Aer Lingus.