par Jack Kim et Ju-min Park
SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a effectué un nouvel essai de missile balistique, quelques heures après une mise en garde des Etats-Unis sur les conséquences "catastrophiques" à venir si la communauté internationale ne contrait pas son programme d'armement.
Selon des responsables américains et sud-coréens, le test n'a pas réussi. Il s'agirait du quatrième essai de missile consécutif à avoir échoué depuis mars en Corée du Nord.
Au moment du tir manqué, le groupe aéronaval américain USS Carl Vinson arrivait au large de la péninsule coréenne, où il a entamé des manoeuvres avec la marine sud-coréenne, a indiqué un responsable de la marine sud-coréenne.
Le tir est survenu quelques heures après une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu, où le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a réaffirmé la position des Etats-Unis selon laquelle tout était envisageable si Pyongyang persistait à vouloir développer ses missiles et son armement nucléaire.
"La menace d'une attaque nucléaire à Séoul, ou Tokyo, est réelle et ce n'est qu'une question de temps avant que la Corée du Nord ait la capacité à frapper le territoire américain", a déclaré Rex Tillerson.
"Ne pas agir maintenant sur les questions de sécurité les plus urgentes au monde pourrait avoir des conséquences catastrophiques", a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
LA FRANCE CONDAMNE AUSSI
Donald Trump a estimé que ce nouveau tir était un affront fait à la Chine, seul allié du régime communiste de Pyongyang.
"La Corée du Nord a manqué de respect aux souhaits de la Chine et de son président hautement respecté lors du lancement d'un missile aujourd'hui, quoique sans succès. Mauvais !", a déclaré le président américain sur Twitter après le tir.
La France a elle aussi condamné ce tir qui appelle "à réagir avec fermeté et détermination".
"En dépit de son échec, cet essai confirme la volonté du régime nord-coréen de se doter d’une capacité nucléaire opérationnelle et constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales", dit un communiqué du ministère français des Afaires étrangères.
La Corée du Nord se montrant indifférente aux pressions et aux sanctions à son encontre, les Etats-Unis pourraient déployer des navires et avions supplémentaires dans la région, a déclaré un responsable américain à Reuters.
L'envoi du Carl Vinson au large de la péninsule coréenne est "un acte irresponsable des maniaques de la guerre visant une guerre nucléaire extrêmement dangereuse", écrit samedi le Rodong Sinmun, journal officiel du Parti des travailleurs au pouvoir en Corée du Nord.
Des fusées intercontinentales atteindront les Etats-Unis s'ils montrent "le moindre signe de provocation", ajoute-t-il.
Le tir manqué a eu lieu vendredi à 20h33 GMT, à proximité de la base aérienne de Bukchang, a précisé le commandant Dave Benham, porte-parole du commandement régional américain.
Le missile a atteint une altitude de 71 km avant de se désintégrer après quelques minutes de vol, selon l'Etat-major sud-coréen. De sources gouvernementales américaines, on fait état d'un missile balistique de moyenne portée, de type KN-17.
"CONCESSIONS NÉCESSAIRES"
Le Japon a condamné le tir, le jugeant totalement inacceptable et contraire aux résolutions de l'Onu, le Premier ministre Shinzo Abe parlant d'une "grave menace" pour le Japon.
Le ministre chinois des Affaires étrangères avait auparavant déclaré au Conseil de sécurité de l'Onu qu'il n'incombait pas qu'à la Chine de résoudre le problème nord-coréen."La clé pour résoudre la question nucléaire sur la péninsule n'est pas dans les mains de la partie chinoise", a déclaré Wang Yi.
Samedi, l'agence de presse officielle Chine nouvelle a invité les Etats-Unis et la Corée du Nord à faire les "concessions nécessaires" pour que "le monde entier" n'ait pas à payer "le prix élevé d'une éventuelle confrontation".
Le président Donald Trump, dans une interview accordée à Reuters jeudi, a estimé qu'un conflit majeur avec la Corée du Nord était du domaine du possible tout en soulignant qu'il entendait, avec l'aide de la Chine, privilégier l'approche diplomatique.
L'administration Trump est susceptible de répondre à ce nouvel essai en accélérant son projet de sanctions contre Pyongyang, dit-on de source autorisée à Washington.
Les Etats-Unis anticipaient ce genre de "provocation" de Pyongyang à l'approche de l'élection présidentielle du 9 mai en Corée du Sud, ajoute-t-on.
Le favori du scrutin, Moon Jae-in, a dénoncé samedi un "exercice futile" de la part de la Corée du Nord et appelé le régime de Kim Jong-un à "choisir la voie de la coopération avec la communauté internationale, notamment en abandonnant son programme nucléaire".
(Avec Soyoung Kim à Séoul, Idrees Ali, David Brunnstrom et Matt Spetalnick à Washington, Tim Kelly et Nobuhiro Kubo à Tokyo, John Ruwitch à Shanghai, Michelle Nichols et Lesley Wroughton aux Nations unies, William James et Alistair Smout à Londres, Henri-Pierre André, Julie Carriat, Danielle Rouquié et Gilles Trequesser pour le service français)