par Stephanie van den Berg et Toby Sterling
AMSTERDAM (Reuters) - Les 13 millions d'électeurs néerlandais appelés à renouveler leur Parlement ont commencé à voter mercredi matin dans un contexte de tensions exacerbées avec la Turquie qui a replacé l'immigration et le nationalisme au coeur des débats de la campagne électorale.
Les derniers sondages confèrent une légère avance au parti de centre droit du Premier ministre Mark Rutte (VVD) devant le Parti pour la liberté (PVV), islamophobe et eurosceptique, de Geert Wilders.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07h30 (06h30 GMT) et ils fermeront 21h00 (20h00 GMT).
"Je vais voter pour Wilders. J'espère qu'il sera capable de faire les changements dont les Pays-Bas ont besoin", a expliqué Wendy de Graaf, une électrice de La Haye. "Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit (...) mais j'estime que l'immigration est un problème."
Geert Wilders, qui souhaite "désislamiser" les Pays-Bas, n'a pratiquement aucune chance de former le prochain gouvernement, étant donné la fragmentation du paysage politique néerlandais et l'hostilité qu'il suscite dans les autres partis du pays. Si le PVV terminait en première position, sa performance propagerait toutefois une onde de choc à travers toute l'Europe, où d'autres scrutins sont prévus dans les mois qui viennent, notamment en France avec une présidentielle et des législatives.
PARLEMENT MORCELÉ
"La dynamique est du côté de ceux que je qualifie de partis patriotes mais quel que soit le résultat de ce scrutin, le génie ne retournera pas dans sa bouteille et cette révolution patriotique se produira, aujourd'hui ou demain", a promis Geert Wilders après avoir voté dans une école de La Haye.
Aux Pays-Bas, dans l'immédiat, la question est de savoir si les tensions diplomatiques avec la Turquie auront un impact positif sur Geert Wilders ou plutôt sur Mark Rutte, dont le gouvernement a interdit à des ministres turcs de tenir aux Pays-Bas un rassemblement en vue du référendum du 16 avril en Turquie.
A en croire un sondage de l'institut Maurice de Hond rendu public dimanche soir, une très large majorité des électeurs néerlandais (86%) approuve la ligne de fermeté suivie par Mark Rutte dans la crise avec la Turquie.
"Si le conflit avec la Turquie a soutenu les partis les plus importants, les derniers sondages montrent que quel que soit le vainqueur, son pourcentage de voix sera le plus faible jamais enregistré", prédit l'institut Maurice de Hond.
Les observateurs de la vie politique néerlandaise s'attendent à ce que le scrutin produise un Parlement morcelé et débouche sur des tractations politiques qui pourraient durer plusieurs mois avant qu'une coalition soit formée.
Le gouvernement de Mark Rutte associait sa formation de centre droit aux travaillistes, mais il est probable que la prochaine équipe soit composée d'au moins quatre partis.
(Avec Philip Blenkinsop; Nicolas Delame et Eric Faye pour le service français)