PARIS (Reuters) - La France va proposer à l'Italie d'élargir les discussions concernant le dossier STX France à une coopération militaire, avec pour objectif de constituer "un grand champion de l'industrie navale européenne", déclare Bruno Le Maire dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche (JDD).
Le ministre de l'Economie et des Finances doit se rendre mardi à Rome pour relancer les négociations avec le ministre de l'Economie italien Pier Carlo Padoan et son homologue de l'Industrie Carlo Calenda, qui ont qualifié de "grave et incompréhensible" la nationalisation temporaire des chantiers navals de Saint-Nazaire, annoncée jeudi.
"C'est un geste d'ouverture que fait le président de la République", explique Bruno Le Maire dans les colonnes de l'hebdomadaire dominical.
"Jusque-là, on partait sur une base de coopération dans le secteur industriel civil: la réalisation de paquebots de plaisance pour résumer."
Maintenant "nous disons à nos amis italiens : regardons aussi ce que nous pouvons faire dans le secteur militaire, dans les navires de surface précisément, et bâtissons un grand champion de l'industrie navale européenne", ajoute-t-il.
Bruno Le Maire, qui veille depuis jeudi à ne pas prononcer le mot de nationalisation - alors que l'Etat possède désormais 100% de STX France, après avoir exercé son droit de préemption sur les deux tiers du capital acquis au printemps par Fincantieri auprès de sa maison-mère sud-coréenne en difficulté - prévient que "s'il n'y a pas d'accord, nous en resterons à la situation actuelle et nous chercherons d'autres repreneurs".
"Mais nous ne le souhaitons pas", note-t-il.
Jeudi lors de son point presse, Bruno Le Maire avait reconnu que le groupe public italien était le seul intéressé par STX France. Il n'avait déjà pas exclu que le partenariat franco-italien dans le domaine naval s'élargisse "pourquoi pas le moment venu (à) l'aspect militaire".
Par cette nationalisation temporaire, le gouvernement français cherche à contraindre Fincantieri à accepter un partage à parité du capital.
Bruno Le Maire juge que l'accord conclu par le précédent gouvernement n'est "pas suffisamment protecteur des intérêts industriels stratégiques français", tandis que ses homologues italiens ne voient "aucune bonne raison" pour que Fincantieri ne soit pas majoritaire dans STX France.
L'accord conclu par le précédent exécutif avait abouti à un partage du capital à hauteur de 54%-46% entre la partie italienne (dont 48% pour Fincantieri) et des intérêts publics français (l'Etat et Naval Group, l'ex-DCNS).
Selon un sondage Ifop publié par le JDD, une large majorité de Français (70%) sont favorables à la nationalisation de STX France.
(Myriam Rivet, édité par Jean-Stéphane Brosse)