PARIS (Reuters) - Le site d'informations Mediapart a annoncé mardi avoir remis à la justice sept enregistrements dans le cadre de l'enquête relative aux violences commises le 1er mai dernier par Alexandre Benalla à Paris.
La rédaction de Mediapart s'était opposée lundi à une perquisition ordonnée par le parquet de Paris pour une autre enquête, préliminaire, du chef d'"atteinte à l'intimité de la vie privée", notamment, après la diffusion le 31 janvier d'enregistrements de conversations entre l'ancien chargé de mission de l'Elysée et Vincent Crase, autre protagoniste des événements du 1er-Mai.
Mediapart explique dans un communiqué avoir remis lundi après-midi sept enregistrements à la suite d'une demande en ce sens, le 1er février, des juges d'instruction.
"Si nous avons donné suite à la première demande – dont l’objectif est de documenter en procédure la violation du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase –, nous nous sommes en revanche formellement opposés à la moindre perquisition dans notre rédaction", précisent les journalistes.
Ils accusent la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, d'avoir "menti" mardi à l'Assemblée nationale en affirmant que Mediapart avait remis les bandes sonores après que "la presse s'en est fait l'écho" et avoir "dans premier temps refusé cette remise".
"Contrairement à ce qu’affirme la garde des Sceaux, Mediapart avait indiqué dès vendredi faire droit à la demande de réquisition des juges", peut-on lire dans un communiqué.
"Les sept enregistrements ont (...) été remis à la justice, lundi après-midi, par les avocats du journal. Par conséquent, la ministre de la Justice a soit menti par ignorance – et c’est grave – soit elle a menti sciemment – et c’est très grave", écrit la rédaction de Mediapart.
Interpellée par un député de La France insoumise lors des questions d'actualité à l'Assemblée, Nicole Belloubet a démenti instrumentaliser la justice à des fins politiques.
"Je suis attachée au principe de la liberté de la presse et à la protection du secret des sources, je crois que ce sont des pierres angulaires pour notre démocratie", a-t-elle répondu à une question du député LFI Ugo Bernalicis dénonçant l'"instrumentalisation politique des forces de police et du parquet".
"Je suis également attachée à ce que notre justice puisse travailler dans la sérénité et ne fasse pas de manière systématique l'objet de dénigrements, comme vous le faites de manière permanente", a-t-elle ajouté.
"C'est la conception de la justice que porte ce gouvernement et monsieur le député, ne vous en déplaise, Paris n'est pas Caracas."
Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a réitéré lundi son soutien à Nicolas Maduro, à l'heure où douze pays de l'Union européenne dont la France ont reconnu le président de l'Assemblée vénézuélienne Juan Guaido en tant que chef de l'Etat par intérim.
(Julie Carriat, édité par Sophie Louet)