PARIS (Reuters) - Valérie Pécresse s'est posée samedi en première opposante de Laurent Wauquiez au sein du parti Les Républicains (LR) en défendant l'existence de deux droites selon elle "réconciliables", là où le nouveau président de la formation, élu sur une ligne musclée, ne veut en voir qu'une seule.
La présidente de la région Ile-de-France a été huée à son arrivée au premier conseil national du parti de l'ère Laurent Wauquiez, qui a pourtant fait accepter par un vote à mains levées le mouvement qu'elle a créée, "Libres", comme "mouvement associé" de LR.
"Je suis venue vous dire que je suis là et que je suis prête à prendre toute ma place dans la reconstruction de notre famille", a déclaré Valérie Pécresse alors que plusieurs ténors du parti l'ont quittée ou ont pris leurs distances, le dernier en date étant Alain Juppé.
Absente pour la première fois du deuxième tour de la présidentielle et étrillée aux législatives de 2017, la droite républicaine peut regagner la confiance des Français si elle gagne la bataille de la crédibilité et relève le défi du rassemblement, a-t-elle ajouté.
Sur ce dernier point, elle a dit sa conviction que la droite était plurielle et que cette situation devait être prise en compte par la nouvelle direction de LR.
"Il y a aujourd'hui deux droites, il y a une droite un peu plus conservatrice et un peu plus progressiste, une droite un peu plus protectionniste et une droite un peu plus libérale, une droite plus eurosceptique et une droite plus européenne, une droite qui, à l'élection présidentielle face à Marine Le Pen, à appeler à voter Emmanuel Macron et une droite qui ne l'a pas fait", a-t-elle poursuivi.
"PURGE INÉDITE"
Copieusement sifflée par le public de la salle de La Mutualité, Valérie Pécresse a souligné que, si elle avait choisi de venir, "c'est que j'ai la conviction que ces droites sont réconciliables".
Laurent Wauquiez est monté à la tribune pour défendre la présidente de la région Ile-de-France, tout en lui adressant un avertissement voilé.
"Je crois (...) qu'il y a une droite, qu'elle peut être diverse, mais qu'il y a une droite, une seule famille politique", a-t-il indiqué.
"Je ne laisserai aucune chapelle, ni aucune écurie affaiblir à nouveau notre famille politique mais j'ai suffisamment confiance dans Valérie et sa capacité à comprendre que sa voix est entendue quand elle porte notre parole avec force, qu'elle travaille pour une équipe commune et qu'elle ne tire pas contre son camp", a ajouté le président de LR.
Laurent Wauquiez a conclu par la suite le conseil national par un discours d'une heure offensif contre Emmanuel Macron et où il a défendu ses positions très à droite sur l'immigration.
Le Conseil national a entériné la composition des nouvelles instances de LR, dont son bureau politique, qui fait la part belle aux partisans de Laurent Wauquiez.
Florence Portelli et Maël de Calan, ses adversaires à l'élection pour la présidence de LR, ont réclamé en vain une représentation proportionnelle à leur score du scrutin de décembre.
"Le seul rassemblement que Wauquiez réussit à faire, c'est le rassemblement de tous ceux qui pensent comme lui", a réagi sur Twitter (NYSE:TWTR) l'élu parisien Pierre Liscia, proche de Florence Portelli. "Pour le reste c'est une purge inédite : de Chirac à Sarkozy, aucun chef de la droite n'a jamais été si brutal."
(Yann Le Guernigou, édité par Tnagi Salaün)