PARIS (Reuters) - "Notre combat n'est pas contre les Français" : Edouard Philippe a défendu vendredi la décision du gouvernement de limiter la vitesse à 80km/h contre 90km/h sur les routes secondaires, une mesure qui fait débat et dont l'opposition de droite s'est emparée pour dénoncer une "présidence des villes".
"Cette mesure sera applicable au 1er juillet 2018, je m'y suis engagé et je suis déterminé à faire en sorte que cette mesure produise des résultats", a dit le Premier ministre à la presse lors d'un déplacement à Saint-Saturnin (Sarthe). "Elle le sera pour une période de deux ans qui doit nous permettre de vérifier son efficacité".
"Le combat dans lequel nous sommes engagés avec le gouvernement, ce n'est pas un combat contre les Français, contre les automobilistes, contre les ruraux, c'est un combat pour la sécurité routière", a-t-il souligné, dans un département où 53 personnes sont mortes sur les routes en 2017 contre 35 en 2016.
"C'est une mobilisation générale pour faire en sorte que personne ne se résigne à ce que chaque année en France il y ait plus de 3.600 morts sur les routes, près de 25.000 personnes gravement blessées à la suite d'un accident routier".
La Sécurité routière a annoncé vendredi une hausse de 5,9% en février du nombre de morts sur les routes de métropole avec 217 personnes tuées, soit 12 de plus qu'en février 2017.
Après une baisse sans précédent du nombre de tués en 2013 (3.427 en métropole), la France a connu trois années consécutives de hausse de la mortalité routière entre 2014 et 2016 avant un léger recul en 2017 (3.693, -1,2%).
Depuis son annonce, l'abaissement de la vitesse maximale de 90 km/h à 80 km/h, qui n'était pas une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, a du mal à passer auprès des élus locaux et serait même selon les sondages l'un des facteurs de la baisse de popularité de l'exécutif depuis début 2018.
Dans une lettre ouverte au gouvernement publiée début mars, les présidents de 28 départements ont demandé une application "au cas par cas", sur les axes les plus accidentogènes, une demande rejetée par Matignon.
Les élus du parti Les Républicains (LR) ont dénoncé, eux, une "mesure parisianiste".
Le gouvernement estime que "350 à 400 vies" pourraient être sauvées chaque année avec cette mesure et rappelle que le coût sera pris en charge par l'Etat et les recettes perçues intégralement versées à des établissements prenant en charge les accidentés de la route.
"Il ne s'agit pas pour l'Etat de mettre de l'argent de côté", a souligné Edouard Philippe vendredi. "Il ne s'agit pas de venir ennuyer, il s'agit de venir apporter des solutions crédibles (...) La vitesse n'est pas toujours la cause de l'accident mais est systématiquement un facteur aggravant de l'accidentalité".
(Marine Pennetier avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)