PARIS (Reuters) - Instances du Parti socialiste et syndicats se sont réunis mardi en comité d'entreprise extraordinaire pour préparer le plan social qui pourrait concerner près des deux tiers des salariés de la formation défaite lors des élections du printemps.
Environ 60 personnes, sur un total de 97, devraient être concernées par une procédure de licenciement économique dont les modalités seront présentées mercredi aux salariés, a précisé une source au parti. Les négociations devraient avoir lieu pendant deux mois avant les premiers départs, début 2018.
Selon le trésorier du PS, Jean-François Debat, les défaites électorales ont fait passer le budget annuel du PS de 28 millions par an à huit millions d'euros, soit une perte de 100 millions sur cinq ans.
Cette étape précède la mise en vente prochaine du siège de la rue de Solférino - 3.000 m2 en plein coeur du VIIe arrondissement de Paris - dont le produit devrait permettre au parti d'être "financièrement à l'abri" jusqu'à la présidentielle de 2022, selon un responsable.
Au plan politique, le parti qui a fait élire à peine 30 députés à l'Assemblée nationale en juin dernier tente de renaître de ses cendres en vue d'un congrès envisagé début 2018.
"Totalement par terre", selon une formule de la maire de Paris, Anne Hidalgo, le PS est pour l'instant dirigé de façon collégiale par 29 membres, dans l'attente de la désignation d'un nouveau premier secrétaire.
Pour prendre la tête de la formation habituée aux querelles de chapelles, des noms commencent à émerger comme la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, le patron du groupe Nouvelle gauche à l'Assemblée nationale, Olivier Faure, voire l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
"ENVIE D'AUTRE CHOSE"
En pleine promotion de son livre sur ses "150 jours sous tension à Matignon" (Editions Stock), celui qui a repris ses activités d'avocat se contente de glisser son souhait d'être "utile à (s)a famille politique".
Aux dires de certains proches de François Hollande, c'est l'ex-président lui-même qui pousserait l'ancien député-maire de Cherbourg à briguer la direction du PS.
Reste à savoir comment reconquérir un électorat hostile au parti, en tout cas dans sa forme ancienne.
"Pour l'heure, il n'y a clairement aucune envie de PS", reconnaît un député du sérail sous couvert d'anonymat.
Figure visible de l'Assemblée nationale après avoir été longtemps dans l'ombre de son épouse, l'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem, le député des Landes Boris Vallaud reconnaît que tout reste à faire sur le fond.
"Notre boulot, c'est d'être une opposition responsable, d'ouvrir les yeux sur La République en marche, d'être intransigeant sur la justice sociale et les inégalités", a dit à Reuters celui qui fut secrétaire général adjoint de l'Elysée sous François Hollande.
Malgré le raz-de-marée d'Emmanuel Macron au printemps, légèrement corrigé lors des sénatoriales de septembre, un espace politique existe, pense-t-il, alors que "plein de gens refusent d'être pris en étau entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon même s'ils ont voté pour eux, ou pour Benoît Hamon, à la présidentielle".
"Tous ont envie d'autre chose", dit-il.
Après avoir quitté le PS, Benoît Hamon tente de faire entendre sa différence via son mouvement M1717, qui prône un rapprochement avec les écologistes mais aussi avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
"Il faut construire une nouvelle synthèse politique entre une tradition socialiste, celle de l'écologie politique, une nouvelle approche de la croissance", explique l'ancien candidat à l'Elysée dans Le Monde daté de mardi.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)