L'OPA lancée sur le Club Méditerranée par le conglomérat chinois Fosun et Axa Private Equity (Axa PE) devrait prendre plusieurs mois de retard, après le dépôt mercredi par un fonds d'investissement d'un recours auprès de la Cour d'appel de Paris.
L'avocat Julien Visconti, conseil du fonds Charity & Investment Merger Arbitrage Fund (CIAM), a annoncé à l'AFP avoir déposé mercredi matin un recours contre la décision de conformité de cette OPA, à laquelle le gendarme de la Bourse (AMF) avait donné son feu vert la semaine dernière.
"Une demande de sursis à exécution de la décision a également été formée", a précisé Me Visconti. Le calendrier doit selon lui être fixé le 19 août par le premier président de la cour d'appel.
Selon une source judiciaire, le recours au fond ne sera pas examiné "avant la rentrée".
L'OPA a été lancée le 17 juillet mais sa clôture prévue le 30 août risque ainsi d'être reportée.
"Ca risque de décaler le processus de 4 à 6 mois", estime Me Visconti.
Le fonds CIAM qu'il conseille, basé au Luxembourg, est entré au capital du Club Med après l'annonce fin mai du projet d'OPA et détient "près d'1%", selon l'avocat. Il investit autour de sociétés concernées par des fusions et des acquisitions, déclarées ou potentielles.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait donné le 15 juillet son feu vert à l'OPA, présentée comme amicale car soutenue par le management du Club Méditerranée.
Mais Me Visconti dénonce "un problème d'indépendance de l'expert" désigné pour évaluer les modalités de l'OPA, et un manque d'information concernant "l'attribution d'un énorme paquet d'actions de préférence au management", a expliqué l'avocat à l'AFP. "On ne propose pas la même contre-partie à tous les actionnaires", selon Me Visconti. Il estime que l'expert, qui avait conclu au caractère équitable de l'offre, "n'a pas expliqué le conflit d'intérêts".
Une source proche des initiateurs interrogée par l'AFP fustigeait mercredi ce recours: "Ce hedge fund est entré au capital de Club Méditerranée après l’annonce de l'offre, donc en pleine connaissance de cause. Faire un recours aujourd'hui revient à prendre en otage, pendant plusieurs mois, tous les actionnaires de Club Méditerranée qui ne pourront plus bénéficier de la liquidité offerte par l’offre volontaire et attendue au 13 septembre".
Une autre source juge, elle, qu'"un tel blocage, c'est désolant, tant pour les actionnaires que pour l'entreprise. D'autant qu'on n'en comprend pas les véritables motivations".
Le PDG du Club Med, Henri Giscard d'Estaing, jugeait lui-même jeudi dernier dans Le Figaro que le dépôt d'un recours serait "très préjudiciable" non seulement pour les actionnaires mais aussi pour la société, "qui a justement besoin de stabilité".
Selon Me Visconti, le but du recours n'est pas d'annuler le processus d'OPA mais "d'avoir une information correcte pour prendre la meilleure décision possible".
Reste que l'AMF pourrait décider de suspendre la clôture de l'offre et que l'affaire contrarie sérieusement le calendrier des initiateurs de l'OPA.
Le conseil d'administration du Club Med avait voté à l'unanimité en faveur de l'offre, dont le prix de 17,50 euros par action est toutefois jugé insuffisant par des actionnaires minoritaires. Le titre cotait 17,51 euros à la clôture mercredi.
Tous les actionnaires représentés au conseil ont, eux, décidé d'apporter leurs titres. Parmi eux figurent la Caisse de dépôt de Gestion du Maroc, le fonds saoudien Rolaco et la Holding Edizione des rois italiens du textile Benetton.
Air France et la Caisse des dépôts (CDC), qui ne siègent pas au conseil d'administration, comptent faire de même, selon une source proche du dossier, "ce qui porterait à environ 40% du capital dilué les titres faisant l'objet d'une intention d'apport". Elle se dit confiante en "la solidité de l'offre".
L'OPA sera considérée comme réussie par les initiateurs si au moins 50,1% du capital sont réunis.
De leur côté, UBS et Crédit Suisse ont franchi chacun le seuil de 5% du capital de Club Med, le premier grâce à l'achat d'actions hors marché, le second sur le marché, selon des déclarations faites à l'AMF.