NANTES, Loire-Atlantique (Reuters) - Le corps retrouvé dans la Loire est bien celui de Steve Maïa Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin après une opération de police controversée le soir de la Fête de la musique, a annoncé mardi le procureur de la République de Nantes.
Une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire" a été ouverte, a ajouté Pierre Sennès. Deux magistrats instructeurs vont être saisis pour rechercher d'éventuelles responsabilités pénales.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a qualifié ce décès de "drame" et dit sa volonté de recevoir les parents du jeune homme, âgé de 24 ans, avec le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, "pour leur témoigner de notre soutien et de notre volonté de transparence totale".
Il a cité les conclusions de l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur les circonstances dans lesquelles les forces de l'ordre étaient intervenues, déclarant qu'"il ne peut être établi de lien entre l'intervention des forces de police et la disparition de M. Steve Maïa Caniço".
Quatorze personnes avaient été repêchées cette nuit-là dans la Loire, après que les policiers avaient fait usage de gaz lacrymogène pour interrompre un concert de musique électronique, au bord du fleuve. La musique devait être coupée à 04h00 et l'un des DJs n'avait pas respecté cet horaire.
Dans son rapport, l'IGPN écrit que l'usage de la force, avec des lancers de grenades et des tirs de lanceur de balle de défense (LBD) face à une foule qui avait jeté de nombreux projectiles en direction des policiers, blessant cinq d'entre eux, "était justifié et n'est pas apparu disproportionné".
ENQUÊTE DE L'INSPECTION GÉNÉRALE DE L'ADMINISTRATION
Edouard Philippe a annoncé qu'il saisissait l'Inspection générale de l'administration (IGA), estimant que "le déroulement de cette soirée, l'enchaînement des faits restent confus".
Il a ainsi évoqué les conditions dans lesquelles des sonos avaient pu être placées sur des quais dépourvus de barrière et s'est demandé si les mesures préventives étaient adaptées et proportionnées et si les autorités de police disposaient "d'une conduite à tenir suffisamment claire".
Les conclusions de l'IGA sont attendues dans un mois et seront rendues publiques, a précisé le chef du gouvernement.
"L'engagement du gouvernement, celui du ministre de l'Intérieur, mon engagement personnel, c'est de faire toute la lumière sur les causes de ce drame et d'en tirer toutes les conséquences", a ajouté Edouard Philippe.
Le corps de l'animateur scolaire a été repéré lundi après-midi par le pilote d'un navibus, une embarcation qui assure une navette entre les deux rives de la Loire. Il flottait près d'une ancienne cale de l'île de Nantes, à quelques centaines de mètres de l'endroit où il avait disparu.
L'autopsie effectuée mardi à l'institut médico-légal de Nantes a permis d'établir formellement l'identité du jeune homme dont le corps était "dans un état de décomposition extrême", après 38 jours dans l'eau, a indiqué une source proche du dossier.
La disparition de Steve Maïa Caniço a provoqué un mouvement de défiance au sein d'une partie de l'opinion publique et de la classe politique.
Des affichettes "Où est Steve ?" ont fleuri dans le centre-ville de Nantes et ont été reprises sur les réseaux sociaux et des députés La France insoumise ont demandé une commission d'enquête parlementaire.
(Pierre-Baptiste Vanzini, avec Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Caroline Pailliez)