La situation en Grèce a affecté comme prévu le résultat de Crédit Agricole SA au deuxième trimestre 2011 (-10,6%) mais le groupe est parvenu à limiter la casse grâce à des performances historiques en matière d'exploitation.
Le Crédit Agricole avait prévenu fin juillet que sa participation au plan d'aide à la Grèce et les charges sur sa filiale Emporiki pèseraient sur ses comptes trimestriels. Il avait estimé l'impact total à 850 millions d'euros maximum, et anticipé un résultat net part du groupe "positif".
Le groupe a finalement annoncé jeudi une charge nette liée à la Grèce limitée à 640 millions d'euros, dont 146 millions nets dus à la dépréciation des titres d'Etat grecs et 494 millions à la dépréciation de l'écart d'acquisition d'Emporiki.
A la Bourse, les investisseurs saluaient ces résultats. A 07H35 GMT, le titre Crédit Agricole SA bondissait de 6,62% à 6,71 euros, dans un marché en hausse de 1,40% à la Bourse de Paris.
Michel Mathieu, directeur général délégué de Crédit Agricole SA en charge des finances, a précisé lors d'une conférence téléphonique qu'il "n'y a plus d'écart d'acquisition à solder" sur la société grecque, achetée en 2006.
En revanche, une recapitalisation devrait de nouveau être menée "afin de répondre aux obligations réglementaires", a précisé Jean-Paul Chifflet, directeur général du groupe français, lors de cette conférence.
Deux recapitalisations ont déjà été nécessaires: début 2009 pour 850 M EUR et fin 2009 à hauteur d'un milliard. Le retrait de la cote de la banque grecque, dont Crédit Agricole détenait 98% fin juillet, devrait être "bouclé en septembre ou octobre".
En revanche, M. Chifflet a assuré qu'aucune recapitalisation n'était prévue pour ses autres filiales en Europe du sud, pas plus qu'une augmentation de capital pour Crédit Agricole SA.
Hors impact de la Grèce, le résultat net trimestriel de Crédit Agricole SA, entité cotée du groupe Crédit Agricole, aurait atteint 979 millions d'euros, a relevé M. Mathieu.
Mais il ressort à 339 millions, soit un recul de 10,6% par rapport au deuxième trimestre 2010, grâce à la "belle dynamique commerciale" dans tous les pôles, à commencer par la banque de proximité en France qui a représenté 61% des revenus et 56% du résultat brut d'exploitation (RBE) du groupe (Crédit Agricole SA et caisses régionales à 100%).
Le produit net bancaire et le RBE, que ce soit au niveau du groupe ou de Crédit Agricole SA, ont atteint un record historique sur un trimestre. "On ne voudrait pas que ces bons résultats soient obérés par la vision de la crise", a confié M. Chifflet, assurant de la "solidité financière" de son groupe et confirmant les objectifs à horizon 2014 présentés en mars.
Le ratio Tier 1 s'établit à 11%, dont 8,9% de Core Tier 1, sur le premier semestre pour la société cotée. Et le plan annuel de liquidité est "bouclé à peu près à hauteur de 90%", a précisé M. Mathieu, évoquant des réserves disponibles de plus de 120 milliards.
Au second trimestre, Crédit Agricole SA a réalisé un produit net bancaire de 5,53 milliards d'euros, soit en légère progression de 1,1% (+1,4% à périmètre et change constants), et un RBE de 2,20 milliards, en hausse de 6,6% (+8,2% à périmètre et change constants).
Hors dépréciation des titres d'Etat grecs, le coût du risque a reculé de 5,8% à 923 millions d'euros (1,12 milliard d'euros, +14,8% avec l'impact grec).
"Les métiers du groupe ont continué à enregistrer une activité soutenue malgré un environnement macroéconomique peu porteur, marqué par une faible reprise des économies occidentales, par les inquiétudes fortes sur la capacité des Etats à faire face à leur dette et par des marchés particulièrement nerveux et volatils", a souligné la société.
Le produit net bancaire (PNB) du groupe a lui atteint 9,14 milliards d'euros (+2%), tandis que le résultat brut d'exploitation est ressorti à 3,82 milliards d'euros (+5,9%) et le résultat net part du groupe à 881 millions d'euros (-1,8%).