PARIS (Reuters) - Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a balayé dimanche les spéculations sur les critiques que la Commission européenne pourrait émettre sur les projets de budgets de l'Etat et de la sécurité sociale pour 2015 et sur l'exécution budgétaire cette année.
La Commission dira en novembre si les choix de la France sont conformes aux règles européennes, en dépit de la violation assumée par Paris de son engagement de ramener le déficit public à 3% du PIB fin 2015.
"Tout ce qui est dit aujourd'hui est dit en l'air", a déclaré Michel Sapin dans l'émission Le Grand Rendez-Vous Europe 1-i>TELE-Le Monde. Il était interrogé sur la possibilité pour le budget français d'être "retoqué" par l'exécutif européen.
La France ne réduira pas ses déficits autant que prévu l'an prochain mais "je ne demande aucune dérogation à aucune règle", a ajouté le ministre des Finances, jugeant que "ces règles doivent s'appliquer de la même manière pour tout le monde".
En prévoyant de baisser les prélèvements sur les entreprises de 40 milliards d'euros sur trois ans et en prévoyant 21 milliards d'euros d'économies l'an prochain, "la France prend ses responsabilités", a dit Michel Sapin.
"Mais l'Europe aussi doit prendre ses responsabilités et adapter sa politique à la situation économique d'aujourd'hui, sinon on risque de rester longtemps, beaucoup trop longtemps dans une très faible croissance avec une très faible inflation."
Le gouvernement a présenté mercredi son projet de budget de l'Etat pour 2015 qui verra le déficit public à peine baisser l'an prochain, à 4,3% du PIB contre 4,4% prévu fin 2014, loin de l'engagement de la France de le ramener à 3% fin 2015.
Le ministre des Finances a mis cet écart sur le compte du ralentissement de la croissance et de l'inflation, en assurant qu'il mènerait à bien toutes les économies prévues, soit 21 milliards d'euros sur l'Etat, la sécurité sociale et les collectivités territoriales.
La discussion avec la Commission portera en particulier sur l'effort de réduction du déficit structurel, qui n'a pas été et ne sera pas aussi importante que prévu. La notion de déficit structurel, qui gomme l'impact du cycle économique, est désormais au coeur de l'examen des budgets par la Commission.
Au lieu d'un ajustement structurel de 0,8 point promis par la France en 2014 comme en 2015, l'ajustement ne sera que de 0,5 et 0,6 point selon l'ancienne méthode de calcul et de 0,1 et 0,2 point selon une nouvelle méthode.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Chine Labbé)