Les trois principaux partis politiques portugais ont échoué vendredi à conclure un "pacte de salut national" pour régler la crise qui secoue le pays depuis près de trois semaines et menace de faire dérailler son programme de redressement financier.
Le chef du Parti socialiste Antonio José Seguro, qui négociait depuis une semaine avec le Parti social démocrate (PSD, centre droit) du Premier ministre Pedro Passos Coelho et son allié conservateur CDS-PP, les a rendus responsables de l'échec des négociations.
deux partis de la coalition gouvernementale, a-t-il déclaré, "ont rendu impossible le pacte de salut national" que le président conservateur Anibal Cavaco Silva avait demandé pour garantir le succès du plan d'aide international de 78 milliards d'euros, accordé au Portugal en mai 2011.
Le chef du parti socialiste a expliqué que la coalition au pouvoir avait refusé les propositions de sa formation, destinées à atténuer la rigueur tout en favorisant la relance et l'emploi alors que l'économie portugaise doit reculer cette année de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2%.
"Au cours de cette semaine, nous nous sommes battus pour que le gouvernement mette fin à sa politique d'austérité", a affirmé le secrétaire général du Parti socialiste.
M. Seguro a expliqué que deux points de vue inconciliables s'étaient affrontés au cours des négociations entamées dimanche dernier et qu'il avait préconisé de "donner un nouveau cap au Portugal car les Portugais ne supportent pas de sacrifices supplémentaires".
"Je continuerai à me battre pour une renégociation de notre programme d'ajustement" et "une position forte du Portugal" dans le cadre d'une solution globale et européenne à la crise de la dette en zone euro, a-t-il souligné.
La crise politique a été déclenchée au début du mois par les démissions inattendues de deux ministres clés, celui des Finances, Vitor Gaspar et celui des Affaires étrangères, Paulo Portas également chef du CDS-PP, qui avait voulu ainsi marquer son désaccord avec l'excès d'austérité.
Ces divisions avaient déstabilisé la coalition au pouvoir et provoqué la crainte de l'Europe de voir le Portugal échouer dans son programme de redressement, suivant une voie semblable à celle de la Grèce.
M. Passos Coelho avait alors proposé au président un remaniement ministériel afin de promouvoir M. Portas au poste de vice-Premier ministre et rétablir ainsi la cohésion de la coalition.
Mais le président avait ignoré cette solution et proposé, dans le cadre du "pacte de salut national", que des élections législatives anticipées aient lieu à la fin du programme d'aide, prévue en juin 2014.
Si cette dernière proposition était acceptable pour les socialistes, en revanche ils ont refusé de cautionner l'austérité et en particulier un projet de réforme de l'Etat destiné à réduire les dépenses publiques de 4,7 milliards d'euros. L'accepter aurait pu, selon l'ex-président socialiste Mario Soares, provoquer "une scission" au sein du parti.
De son côté, le Premier ministre s'est vu brusquement conforté par le rejet jeudi d'une motion de censure, soutenue par l'ensemble de l'opposition de gauche, y compris les socialistes.
Ce rejet, qu'il a interprété comme une motion de confiance, lui a permis de trouver un second souffle au moment où sa position semblait de plus en plus affaiblie.
Le Premier ministre a saisi l'occasion indiquer qu'il avait bien l'intention de rester à son poste jusqu'à la fin de son mandat, en octobre 2015, estimant que des élections dès l'année prochaine reviendraient à "anticiper l'incertitude".
M. Passos Coelho a également assuré qu'il souhaitait que le chef de l'Etat entérine sa proposition de remaniement et la promotion M. Portas.
Après la rupture des négociations entre les trois principaux partis, la balle semble à nouveau dans le camp du président. M. Seguro s'est d'ailleurs bien gardé de tout pronostic sur l'avenir. "Que va-t-il se passer maintenant ? C'est au président de décider", a-t-il déclaré.