NEW YORK (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a donné son aval samedi à la poursuite des livraisons d'aide humanitaire en Syrie via un unique point de passage à la frontière Turque, alors que deux étaient jusqu'ici ouverts, ce qui risque de laisser plusieurs millions de personnes dans le besoin.
L'Onu a décrit cette aide comme une "bouée de sauvetage" pour la population du Nord-Ouest syrien.
Russie et Chine s'étaient auparavant opposées à un renouvellement de l'autorisation des opérations humanitaires via deux points de passage à la frontière turque. Elles se sont abstenues lors du vote de samedi, le cinquième en une semaine, sur le texte de compromis proposé par la Belgique et l'Allemagne.
"Un seul point de passage frontalier ne suffit pas, mais sans aucun passage, toute une région serait en péril", disent Bruxelles et Berlin, dans un communiqué commun.
Russie et Chine jugent qu'un seul point de passage est suffisant dans la mesure où le Nord-Ouest syrien peut être atteint par l'intérieur du pays. Les deux pays voulaient aussi inclure dans la résolution une mention qui, selon des diplomates occidentaux, impute la crise humanitaire aux sanctions dont la Syrie fait l'objet.
Des divergences existaient par ailleurs au sein du Conseil à propos de la durée du renouvellement de l'autorisation des opérations humanitaires. Certains souhaitaient qu'elle soit de six mois, d'autres d'un an. Ce sont ces derniers qui ont obtenu gain de cause.
Selon l'ambassadeur britannique aux Nations Unies, Jonathan Allen, la fermeture du poste frontière de Bab al Salaam privera "1,3 million de personnes dans le nord-ouest de la Syrie de l'aide humanitaire transfrontalière dont elles dépendent".
Les organisations humanitaires actives en Syrie se sont également émues de la fermeture d'un point de passage. "Beaucoup ne recevront plus l'aide dont ils ont besoin. Des vies seront perdues. Les souffrances s'intensifieront", déplorent-elles dans un communiqué. "Avec le premier cas de COVID-19 confirmé à Idlib, région dont les infrastructures sanitaires sont gravement affaiblies, c'est un coup dévastateur."
(Michelle Nichols; version française Jean Terzian et Jean-Philippe Lefief)