Le président français Nicolas Sarkozy reçoit mercredi son homologue sud-africain Jacob Zuma pour un entretien suivi d'un dîner, au premier jour d'une visite d'Etat qui témoigne de la volonté de Paris d'en faire un proche partenaire sur les dossiers économiques et du continent africain.
La Côte d'Ivoire où la situation se détériore, et la Libye où les Occidentaux poussent au départ de Mouammar Kadhafi, devaient être abordées au cours de ces discussions qui ont pour but de resserrer le partenariat entre Paris et Pretoria.
A l'inverse de l'Union africaine (UA) et de la France, le président sud-africain a jusque-là ménagé le sortant Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire et défendu une solution de compromis avec Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.
"Nous ne désespérons pas de le faire changer", dit-on à Paris, "il n'est pas question d'exagérer l'influence sud-africaine mais ce serait un coup dur pour Gbagbo si Pretoria prenait clairement position contre lui", ajoute-t-on.
En prenant ses fonctions mardi, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a érigé en priorité de la France le renforcement du "partenariat stratégique" avec les grands pays émergents dont fait partie l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent africain.
Nicolas Sarkozy, président en exercice du G20, espère obtenir le soutien de Jacob Zuma à ses projets de régulation financière, qu'il s'agisse du système monétaire international, des matières premières ou d'une taxe internationale pour financer le développement.
Jacob Zuma est arrivé à Paris mardi soir: escorte de la Garde républicaine à cheval, dîner sous les ors de l'Elysée et rencontre avec la fine fleur du patronat français, la France va dérouler pendant deux jours le tapis rouge pour le chef de la nation arc-en-ciel.
Il a rendez-vous en fin d'après-midi avec Nicolas Sarkozy au palais de l'Elysée. Entre leur entretien et le dîner d'Etat, les deux hommes devaient donner une conférence de presse.
Jeudi, le président sud-africain aura une longue réunion avec des chefs d'entreprises français. "Un de ses objectifs majeurs est de renforcer le commerce et les investissements avec la France", souligne-t-on côté sud-africain. Sixième fournisseur de l'Afrique du Sud, la France n'en est que le 19e client à l'exportation.
Entre autres sujets, devrait être abordée l'offre de service française en matière d'énergie nucléaire. Déjà fournisseur de son unique centrale de Koeberg, le groupe Areva a proposé en 2008 de fournir à Pretoria, qui souffre d'un déficit chronique d'électricité, deux réacteurs de nouvelle génération EPR.
"L'Afrique du Sud est en pleine révision de sa politique énergétique, il n'y aura donc pas de décision sur ce dossier", note-t-on toutefois à Paris.
Plusieurs accords énergétiques doivent cependant être signés au cours de cette visite, notamment dans les domaines de la sûreté et de la formation.
L'organisation écologiste Greenpeace, grande adversaire de Paris en matière nucléaire, a mis en garde l'Afrique du Sud contre le choix de la filière française.
"Greenpeace souhaite s’assurer que la visite de Jacob Zuma lui permettra d’avoir toutes les informations nécessaires sur l’état du nucléaire français avant de faire un choix énergétique majeur", a-t-elle affirmé dans un communiqué, soulignant que la filière française n'est "pas fiable" et insistant sur "les anomalies récemment constatées dans les centrales françaises".