PARIS (Reuters) - L'Observatoire des armements et la Fidh ont dévoilé lundi des "indices de présence" de matériel militaire français au Yémen, où une coalition emmenée par l'Arabie saoudite combat depuis trois ans les rebelles houthis soutenus par l'Iran au prix de milliers de victimes civiles.
Dans une étude publiée lundi, et relayée par une tribune dans Le Monde, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et l'Observatoire des armements, notamment, font état de "livraisons massives d'armement à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis avant et pendant le conflit".
Les organisations relèvent "l'utilisation possible" de canons Caesar et chars Leclerc fabriqués par le français Nexter, de drones de surveillance et d'hélicoptères Cougar (Airbus (PA:AIR)) et de frégates françaises au large du Yémen.
Ces "indices de présence", précisent-elles, ont été compilés via "la consultation de rapports officiels", sur la base de données de l'Institut international de recherche sur la paix (SIPRI), de "témoignages confidentiels", de comptes Twitter (NYSE:TWTR) spécialisés dans le renseignement militaire, etc.
"Si ces indices ne constituent pas des preuves, ils jettent de graves soupçons sur la présence et l’utilisation massive de matériel militaire français au Yémen", peut-on lire.
Dix ONG, dont Amnesty International, la Fidh, Action contre la faim, Human Rights Watch ou Reporters sans frontières, ont appelé Emmanuel Macron à demander au prince héritier saoudien, en visite en France, de mettre un terme aux attaques contre les civils au Yémen.
Elles pressent par ailleurs la France de cesser ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, qui mènent la coalition sunnite engagée au Yémen. La présidence française a exclu toute suspension des ventes et livraisons, arguant d'un "contrôle très strict" des exportations.
La France s'expose à un risque juridique "élevé" en livrant du matériel militaire dont l'utilisation est susceptible de violer le droit international humanitaire, estime un cabinet d'avocats, Ancile, mandaté par Amnesty International France et Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT).
Un député de La République en Marche, Sébastien Nadot, a déposé une proposition de résolution en vue de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les ventes d'armes françaises aux belligérants au Yémen.
Le conflit au Yémen a fait plus de 10.000 morts depuis 2015, dont plus de 6.000 civils, déplacé plus de trois millions de personnes et menace d'une famine généralisée le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.
Voir également:
ANALYSE-Yémen-Paris confronté aux écueils de sa diplomatie économique
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)