PARIS (Reuters) - Un groupe de 86 députés, issus principalement de la République en marche (LaRem), appellent mercredi à trouver une "fiscalité carbone efficace" après l'abandon de la taxe carbone au plus fort de la crise des "Gilets jaunes".
"Pour nous la fiscalité carbone n'est pas un dogme, pas plus qu'un marqueur politique. C'est, parmi d'autres, un outil efficace pour faire évoluer les décisions d'investissement, favoriser les comportements vertueux", écrivent-ils dans une tribune publiée dans le Figaro.
Les signataires, parmi lesquels Cédric Villani, Barbara Pompili, Joël Giraud et Matthieu Orphelin - qui a quitté le groupe LaRem la semaine dernière -, disent entendre et trouver "légitimes" les critiques des Français qui jugent que la fiscalité carbone n'est qu'un prétexte pour "augmenter sans cesse des dépenses publiques dont ils ne perçoivent plus les bénéfices".
"La mise en place d'une fiscalité carbone n'est pas un long fleuve tranquille", ajoutent-ils. "Mais, plutôt que d'abandonner cet outil, nous voulons continuer le débat entamé avec les citoyens dans le cadre du grand débat national, pour construire tous ensemble une fiscalité qui soit à la fois écologique, juste et lisible."
Le délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini, s'était déjà déclaré lundi favorable au retour de la taxe carbone. Sa voix s'ajoutait à celle de la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson qui s'est prononcée sur le sujet dimanche.
Après plusieurs semaines d'inflexibilité, le gouvernement a annulé en décembre l'augmentation de la taxe carbone qui devait représenter 2,9 centimes par litre d'essence et 6,5 centimes par litre de diesel à compter du 1er janvier.
C'était l'une des premières revendications des "Gilets jaunes", mobilisés depuis la mi-novembre.
"On sait que c'est cette taxe carbone qui a été à l'initiative du mouvement des 'Gilets jaunes', je trouve que ce n'est pas très prudent", a commenté le maire de Nice Les Républicains (LR), Christian Estrosi, sur Public Sénat.
"Vous imaginez que la première réponse à un mouvement qui est parti de cela soit de réintroduire la taxe?", a surenchéri le président des régions de France, Hervé Morin, sur France 2. "Là, on va nous dire: 'Ne vous inquiétez pas, ça va aller à des programmes environnementaux'. Je pense qu'il n'y a pas un Français qui va se dire qu'on va leur écrire cette histoire-là."
(Caroline Pailliez, édité par Henri-Pierre André)