BERLIN (Reuters) - L'Europe doit s'assurer de pouvoir mieux se défendre car de nouvelles menaces militaires pourraient surgir d'ici à la fin de la décennie, a déclaré le ministre allemand de la Défense.
La Russie a considérablement augmenté sa production d'armes pour soutenir son invasion de l'Ukraine, tout en menaçant les Etats baltes, la Géorgie et la Moldavie, a souligné Boris Pistorius lors d'une interview accordée au journal Welt am Sonntag.
Le ministre a ajouté que les États-Unis réduiraient probablement leur engagement militaire en Europe car ils se tournent davantage vers la région indo-pacifique.
"Nous, Européens, devons nous engager davantage pour garantir la sécurité sur notre propre continent", a déclaré Boris Pistorius, précisant toutefois qu'il faudrait du temps à l'Europe pour augmenter sa propre production d'armes.
"Nous avons environ 5 à 8 ans pour rattraper notre retard, en termes de forces armées, d'industrie et de société", a-t-il estimé.
L'Europe est consciente qu'elle devra peut-être compenser l'aide américaine à l'Ukraine si Washington ne parvient pas à convenir d'un nouveau financement, a-t-il ajouté.
L'élection d'un gouvernement plus favorable à l'Europe en Pologne devrait maintenant permettre au Triangle de Weimar (Berlin, Paris et Varsovie) de développer davantage sa coopération militaire, a-t-il ajouté.
"Nous devons trouver la meilleure façon de nous établir sur le flanc oriental sur la base des plans de défense de l'Otan", a-t-il déclaré, soulignant qu'il souhaitait se rendre en Pologne dès que possible l'année prochaine.
Boris Pistorius a ajouté qu'il n'envisageait pas pour l'instant que l'armée allemande répète des missions aussi importantes que celles qu'elle a menées en Afghanistan et au Mali.
"Mais les petites missions, en particulier dans le domaine de la consultation militaire ou de la coopération avec des pays qui ne partagent pas nécessairement nos valeurs, seront essentielles", a-t-il déclaré.
"L'alternative serait de ne plus avoir de contacts avec ces pays et de les céder simplement aux Russes et aux Chinois, ce qui serait beaucoup plus dangereux."
(Reportage Sarah Marsh, rédigé par Sandra Maler, version française Benjamin Mallet)