PARIS (Reuters) - La France est extrêmement vulnérable en matière d'espionnage économique faute d'une culture suffisante concernant la protection de ses données, a déclaré jeudi le président de la délégation parlementaire sur le renseignement, auteur d'un rapport sur le sujet remis à François Hollande.
"Nous avons paradoxalement des services de renseignement extrêmement bien organisés, très efficaces (...) mais ils plaident souvent dans le vide", a souligné Jean-Jacques Urvoas sur France Inter.
Les hauts fonctionnaires du ministère de l'Economie "n'ont aucune espèce de culture de sécurité et de renseignement ce qui fait que nous sommes extrêmement fragiles", a-t-il ajouté.
"Quand on discute avec les hauts fonctionnaires de Bercy, quand on leur parle renseignement - qui peut être une arme pour eux, faire de l'influence, pour avoir accès à des documents -, ils ont plutôt tendance à considérer que c'est un objet sale, que l'élégance française fait qu'on ne s'intéresse pas à ces choses-là."
Epinglant une forme de "naïveté" et "d'inconscience" face à la "prédation" de certains alliés et partenaires, Jean-Jacques Urvoas a également tiré la sonnette d'alarme pour les PME "totalement dénudées et qu'il faut absolument de manière urgente protéger".
"On s'aperçoit qu'on n'a pas d'amis, pas d'alliés, on n'a que des intérêts et que nous sommes très mal défendus", a-t-il dit.
Actuellement, le droit français ne permet pas de s'opposer au droit américain qui "impose à nos entreprises d'avoir en leur sein des modérateurs agréés par la justice américaine qui ont accès à tous les secrets de nos entreprises".
Parmi les pistes évoquées pour pallier les failles des entreprises françaises, la délégation parlementaire plaide pour une évolution de la législation française. Elle propose notamment d'intégrer dans le code du commerce une série d'amendements sur le "secret des affaires".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)