par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - L'unité indispensable à la gauche pour préserver ses chances à l'élection présidentielle de 2017 passe par un remaniement ministériel qui pourrait avoir lieu avant les vacances d'été, après le congrès du PS, estime-t-on de sources gouvernementales.
Après avoir envisagé une refonte juste après un scrutin départemental largement remporté, fin mars, par l'alliance UMP-UDI, l'exécutif français a jugé plus urgent de travailler à l'union de son camp, dont les divisions font le lit de l'opposition, que de changer l'équipe dirigeante.
"La deuxième quinzaine de juin pour un remaniement est une possibilité", résume un responsable socialiste. "Il devra tirer les leçons du congrès du PS" qui aura eu lieu du 5 au 7 juin à Poitiers et "préparer les élections régionales de décembre."
Après avoir repris langue avec les Verts, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a rédigé une motion dont l'ambition est de rassembler au plus large, des "réformateurs" proches du Premier ministre Manuel Valls aux amis de la maire de Lille, Martine Aubry.
Longtemps silencieuse, l'ancienne rivale de François Hollande à la primaire socialiste de 2011 a finalement jugé qu'il valait mieux être "à l'intérieur pour peser".
"CHAMAILLERIES"
Quatre motions seront en lice au congrès du PS, qu'un ministre influent juge primordial de réussir pour préserver la suite d'un quinquennat pour l'instant plombé par le manque de résultats économiques tangibles, notamment sur l'emploi.
"Ou bien on est capable de mettre le PS à la hauteur des enjeux, face à une droite chapeautée par Nicolas Sarkozy qui sait mener bataille, ou bien on entre dans des chamailleries qui n'intéressent personne", prévient-il.
Soutenue par Manuel Valls et les ministres proches de François Hollande, la motion de Jean-Christophe Cambadélis "ouvre une perspective pour la gauche", ajoute-t-il. "L'objectif c'est un projet pour la France, pas une bataille de postures."
Le rapprochement entre Martine Aubry et l'équipe dirigeante laisse présager l'entrée au gouvernement de certains de ses proches comme François Lamy ou Jean-Marc Germain.
L'arrivée de Verts -- les noms de Jean-Vincent Placé et François de Rugy circulent -- réclamée par une partie des troupes écologistes dépendra, elle, d'un accord politique entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV).
"Les 'aubrystes', ils sont au PS", résume un ministre. "Avec les Verts, il faut du concret : un accord avant le remaniement. C'est le boulot du parti d'élaborer un projet avec eux".
Les yeux braqués sur 2017, un responsable socialiste se fait encore plus pragmatique : "Des 'frondeurs' ou des 'écolos' au gouvernement, les Français s'en fichent mais c'est important pour François Hollande : il a besoin de neutraliser une candidature verte à la présidentielle".
CASTING
En attendant le casting du futur gouvernement Valls III, les observateurs analysent une "petite phrase" présidentielle rapportée par le magazine Challenges décrivant "un Premier ministre fort (qui) s'accompagne de trop de ministres faibles".
"Restent à savoir qui sont les perdants...", sourit un membre du gouvernement.
Au rang des ministres ayant les faveurs du chef de l'Etat, sont le plus souvent cités son ex-compagne Ségolène Royal (Ecologie), Bernard Cazeneuve (Intérieur), Emmanuel Macron (Economie) et Jean-Yves Le Drian (Défense).
Ministre le plus populaire du gouvernement avec 56% d'opinions favorables selon une récente enquête OpinionWay, ce dernier hésiterait fortement à quitter ses fonctions à la tête des Armées pour briguer la région Bretagne en décembre.
Carole Delga (Commerce, Artisanat) devrait quant à elle partir pour se consacrer aux régionales des 6 et 13 décembre, à la conquête de la présidence de la future grande région réunissant Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
Une fois en place, la nouvelle équipe devra aider François Hollande à "remonter la pente, marche après marche" jusqu'à la présidentielle, dit un conseiller ministériel.
La tâche est ardue. Selon un sondage OpinionWay pour Metronews et LCI diffusé dimanche, François Hollande perd quatre points et Manuel Valls cinq : 78% des personnes interrogées sont mécontentes de l'action du président et 63% de celle du Premier ministre.
L'impopulaire François Hollande sera dimanche l'invité d'une émission en direct de deux heures sur le plateau de Canal+. "Cela lui laissera le temps de s'exprimer sur différents sujets d'actualité, alors qu'on approche du troisième anniversaire de son arrivée à l'Elysée", dit-on dans son entourage.
(Edité par Yves Clarisse)