par Francois Murphy et John Irish
VIENNE/PARIS (Reuters) - L'Iran a brièvement retenu une inspectrice travaillant pour l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et saisi ses documents de voyage, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.
L'Organisation iranienne de l'énergie atomique, citée par l'agence de presse Fars, a déclaré que l'inspectrice de l'AIEA avait été empêchée de pénétrer sur le site nucléaire de Natanz car une alarme de détection s'est déclenchée à son passage et les autorités ont craint qu'elle ne transporte du "matériel suspect". L'AIEA a été par la suite informée, a ajouté Fars.
Il s'agirait du premier incident de ce type depuis la conclusion de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) en juillet 2015.
Il survient à un moment de vives tensions sur le dossier. L'Iran est en crise ouverte avec les Etats-Unis depuis le choix du président américain Donald Trump, en mai 2018, de se retirer unilatéralement du JCPOA qui levait les sanctions contre la République islamique en échange d'une limitation de son programme nucléaire.
Téhéran a riposté en revenant depuis six mois sur certains de ses engagements pris dans le cadre de cet accord signé par l'Allemagne, la Chine, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis.
L'Iran a ainsi franchi mercredi une quatrième étape de son désengagement en injectant du gaz d'uranium (hexafluorure d'uranium) dans un millier de centrifugeuses sur son site de Fordow.
L'incident concernant l'inspectrice sera débattu jeudi lors d'une réunion du conseil des gouverneurs de l'agence onusienne à Vienne. Deux "questions portant sur les garanties" de l'AIEA ont été ajoutées à l'ordre du jour qui avait été publié lundi.
"L'agence veut montrer à quel point elle prend ça au sérieux. C'est un précédent potentiellement dommageable", a déclaré un responsable occidental.
"Il y a une vraie inquiétude sur le fait que cela pourrait nuire aux futures inspections menées par l'AIEA", a renchéri un diplomate européen.
L'autre question sur les garanties à l'ordre du jour de la réunion de jeudi concerne l'origine de traces d'uranium trouvées sur un site de Téhéran désigné par Israël comme un "entrepôt atomique secret", indiquent les diplomates. L'AIEA demande des éclaircissements à Téhéran et a constaté récemment une moindre coopération des autorités iraniennes sur le sujet.
L'accord de Vienne, qui est supervisé par l'AIEA, prévoit la mise à disposition de 130 à 150 inspecteurs de l'agence sur l'Iran.
(AVec Babak Dehghanpisheh à Genève, Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Sophie Louet)