WASHINGTON (Reuters) - Trois diplomates américains ayant fait part de leur inquiétude sur la position adoptée par Donald Trump dans ses échanges avec l'Ukraine seront auditionnés publiquement par le Congrès la semaine prochaine dans le cadre de l'enquête pour destitution ("impeachment") visant le président républicain.
Les commissions de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, qui mènent l'enquête ont publié mercredi la retranscription de l'audition à huis clos du plus haut diplomate américain en Ukraine.
D'après le document, William Taylor a déclaré le mois dernier devant les parlementaires que Donald Trump a conditionné le déblocage d'une aide financière à l'Ukraine à l'ouverture par Kiev d'une enquête sur la compagnie énergétique ukrainienne Burisma dans le but de nuire à Joe Biden, favori de la course à l'investiture démocrate que Trump pourrait donc affronter lors de l'élection présidentielle de novembre 2020.
Le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis en Ukraine doit de nouveau être entendu par la commission du Renseignement de la Chambre, cette fois lors d'une audience télévisée, le 13 novembre. Un autre diplomate ayant travaillé en Ukraine, George Kent, sera aussi auditionné à cette date.
Marie Yovanovitch, qui a été subitement limogée en mai dernier de son poste d'ambassadrice en Ukraine, doit elle être entendue publiquement par les commissions de la Chambre le 15 novembre. Elle a déjà été interrogée à huis clos par les parlementaires dans le cadre de la procédure.
Selon le document communiqué par les commissions, William Taylor a souligné lors de son audition à huis clos que l'idée de bloquer une aide militaire au profit d'une campagne politique domestique était selon lui une "folie".
Ce témoignage alimente la thèse des démocrates selon laquelle Donald Trump a demandé une contrepartie à Kiev pour les 391 millions de dollars d'aide destinés à faire face aux séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine - une aide provisoirement suspendue par le président républicain après qu'elle fut approuvée par le Congrès.
La Chambre des représentants a donné jeudi dernier son feu vert à la poursuite de la procédure de destitution contre Donald Trump, en définissant les règles des auditions publiques à venir au Congrès, cherchant ainsi à neutraliser l'argument invoqué par les républicains selon lesquels la procédure était illégitime sans vote en séance plénière à la Chambre.
Face à cette procédure, la Maison blanche a prévu de recruter deux conseillers dans le but d'adopter une stratégie de défense de Donald Trump plus offensive, a déclaré mercredi un haut représentant de l'administration.
Il a ajouté que la présidence américaine avait débuté une enquête interne sur les événements entourant l'entretien téléphonique du 25 juillet dernier entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodimir Zelenski qui a provoqué le déclenchement de l'enquête.
Un membre des services du renseignement américain a lancé l'alerte sur cette conversation téléphonique, soupçonnant le président américain d'avoir fait pression sur Kiev pour servir ses propres intérêts politiques.
(Patricia Zengerle et Jonathan Landay; Jean Terzian pour le service français)