PEKIN (Reuters) - La croissance des investissements en actifs fixes en Chine est tombée en mai à son niveau le plus faible depuis près de 15 ans, malgré la stabilisation de celle des ventes au détail et de la production industrielle, une évolution qui plaide en faveur de nouvelles mesures de soutien à l'activité.
Les investissements en actifs fixes, un moteur clé de la deuxième économie mondiale, ont augmenté de 11,4% sur les cinq premiers mois de l'année par rapport à la période correspondante de l'an dernier alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 12%, comme sur janvier-avril.
Certains analystes estiment que le ralentissement du marché immobilier chinois a pénalisé l'investissement, la baisse des prix des logements pesant sur le moral des ménages, donc sur la consommation.
"Les indicateurs montrent que la situation économique reste sombre", résume Li Huyong, économiste de Shenyin Wanguo Securities à Shanghaï.
"L'investissement est vital pour assurer la stabilisation de la croissance à court terme et les mauvaises performances de l'investissement mettent l'économie sous pression. Nous prévoyions auparavant une croissance de 7% (sur un an) au deuxième trimestre, nous nous attendons désormais à ce que la croissance ralentisse à 6,8%."
La production industrielle a augmenté de 6,1% en rythme annuel le mois dernier, a précisé le Bureau national de la statistique, une hausse légèrement plus marquée qu'attendu (+6,1%) après +5,9% en avril.
INVENDUS ET SURCAPACITÉS
Les ventes au détail, elles, ont augmenté de 10,1% sur un an le mois dernier, une progression conforme au consensus, après +10,0% en avril.
Les chiffres décevants sur les investissements en actifs fixes sont publiés quelques jours après ceux de la balance commerciale de mai, marqués par un ralentissement plus marqué qu'anticipé de la croissance des importations.
Cette évolution fournit des arguments supplémentaires aux partisans de nouvelles mesures budgétaires de soutien à la croissance.
Le ministère chinois des Finances a annoncé mercredi le doublement du programme de 1.000 milliard de yuan (140 milliards d'euros) d'échange de dette pour les collectivités locales lancé en mars pour leur redonner des marges de manoeuvre.
Le produit intérieur brut (PIB) chinois devrait croître d'environ 7% cette année, ce qui serait sa plus mauvaise performance depuis un quart de siècle et marquerait un net ralentissement par rapport à l'an dernier, lorsque le PIB avait progressé de 7,4%. Un tel chiffre serait toutefois conforme aux objectifs de Pékin, qui vise une croissance d'environ 7% par an.
Le Premier ministre Li Keqiang a pris acte des importantes pressions baissières qui s'exercent sur l'économie chinoise dans le contexte d'une reprise mondiale instable.
Les analystes sont pour l'instant divisés sur l'évolution à court terme de la conjoncture économique.
Les économistes de la banque centrale ont dit cette semaine que la croissance devrait légèrement s'accélérer au cours des six prochains mois grâce à l'impact des mesures de soutien et à la stabilisation du marché immobilier. Mais d'autres jugent ce pronostic exagérément optimiste, mettant en avant l'importance des stocks de logements invendus, les capacités excédentaires dans de nombreux secteurs de l'industrie lourde et l'endettement massif des collectivités locales.
La Banque populaire de Chine (PBoC) a abaissé ses taux d'intérêt le mois dernier pour la troisième fois en six mois et nombre d'observateurs estiment que ce cycle d'assouplissement de la politique monétaire est loin d'être achevé.
(Koh Gui Qing, Marc Angrand pour le service français, édité par Marc Joanny)