PARIS (Reuters) - La ministre de l'Education supérieure Frédérique Vidal a une nouvelle fois appelé jeudi à l'apaisement dans les universités, mobilisées contre la réforme du gouvernement, quelques jours après l'évacuation violente d'un amphithéâtre occupé par des grévistes à Montpellier.
"J'en appelle vraiment à l'apaisement et je rappelle qu'il y a deux lignes rouges à ne pas franchir", a dit la ministre sur franceinfo. "Pas de violence dans les établissements, c'est extrêmement important, ce sont des lieux où on doit apprendre à débattre avec des arguments et pas à débattre avec de la violence ; et puis faire en sorte que l'année universitaire se termine et que les examens aient lieu dans les meilleures conditions."
La loi dite ORE ("d'orientation et de réussite des étudiants"), qui permet à chaque université de fixer des pré-requis pour choisir les étudiants, a été définitivement adoptée par le Parlement le 15 février.
Cette réforme, qui doit permettre selon l'exécutif de tourner la page du tirage au sort et de lutter contre l’échec en licence, va mettre en place un système de sélection à l’entrée de l’université selon ses détracteurs qui se mobilisent depuis plusieurs mois contre le texte.
A Toulouse, l'université Jean-Jaurès est bloquée depuis trois semaines par des étudiants et des employés et une nouvelle assemblée générale est prévue ce jeudi. Des mouvements similaires ont lieu à Bordeaux, Rennes et Lille.
A Montpellier, 3.000 étudiants ont voté mardi une "occupation active de manière illimitée" de l'université Paul-Valéry. La faculté de droit de la ville a elle été le théâtre le 22 mars d'une évacuation violente d'un amphithéâtre occupé par des étudiants grévistes.
A la suite de ces événements, le procureur de Montpellier a ouvert une enquête pour "violences aggravées" par circonstances aggravantes, dont violences avec armes et visages dissimulés et intrusion dans un établissement d'enseignement par personne au visage dissimulé.
L'ex-doyen de la faculté de droit de Montpellier et un professeur ont été placés en garde à vue mercredi dans le cadre de cette enquête. A la suite des "premières conclusions de l'enquête administrative", ils vont également être "suspendus", a annoncé Frédérique Vidal.
"L'émotion a été forte dans toute la communauté, que ce soit chez les étudiants comme dans le corps professoral et je crois que ce temps de l'émotion est justifié parce que vraiment ce qui c'est passé est totalement injustifiable", a dit la ministre.
(Marine Pennetier, avec Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse)