PARIS (Reuters) - Le député Les Républicains (LR) Eric Woerth s'est fait mardi le porte-voix des sceptiques au sein du principal parti de droite en critiquant la stratégie de "rétrécissement" du président, Laurent Wauquiez, et sa gouvernance, qu'il juge trop solitaire.
L'ex-ministre du Budget, d'ordinaire plutôt légitimiste, formule ses reproches dans une interview au Figaro.
"Je m'interroge sur la stratégie du rétrécissement d'un parti de plus en plus conservateur", y déclare Eric Woerth, qui dit vouloir retrouver l'élan de l'UMP (l'ancien nom de LR), pensée à l'origine comme une maison commune de tous les courants de la droite française.
C'est donc la ligne politique, résolument à droite, qui fait tousser le député de l'Oise. Mais également la gestion du parti.
"Nous devons débattre davantage. Le travail n'est pas suffisamment collectif", déplore Eric Woerth, qui en arrive à cette conclusion : "Il y a beaucoup de rectifications à apporter sur la manière de gérer Les Républicains."
"LR devrait apparaître comme une vraie bouée de sauvetage pour la France. Mais, à regret, je constate aujourd'hui que cela n'est pas le cas", ajoute Eric Woerth, pour qui la "vocation" du parti est d'arriver en tête aux européennes de mai et non d'échouer à 10% - le score moyen que lui prédisent les sondages.
Le philosophe François-Xavier Bellamy, pressenti pour conduire la liste du parti aux prochaines élections, n'échappe pas à ses critiques.
Cet agrégé de philosophie, quasiment inconnu du grand public mais bien connu de la droite conservatrice et catholique, a reçu le soutien public de plusieurs cadres de LR, dont celui d'Eric Ciotti, président de la commission d'investitures.
"Je n'ai rien contre lui. Je ne le connais pas", assure Eric Woerth. Mais, poursuit-il, "si l'on fait le choix d'une tête de liste aussi caractérisée que celle qui nous est proposée, alors il faut évidemment que le quatuor de têtes représente l'ensemble des sensibilités des Républicains."
Laurent Wauquiez, élu en décembre 2017 avec trois quarts des voix des adhérents mais sans réelle concurrence, peine à asseoir son autorité sur la formation, ébranlée par sa spectaculaire défaite au premier tour de la dernière présidentielle.
Plusieurs cadres, dont Xavier Bertrand, Alain Juppé et Thierry Mariani, ont successivement claqué la porte, le premier pour mener sa propre barque, le deuxième par attachement au centre droit et le troisième pour rallier le Rassemblement national de Marine Le Pen.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)