Les Européens ont promis mardi à leurs partenaires du G7 d'agir "rapidement" contre la crise de la dette, au moment où la zone euro, en pleine réflexion sur son avenir, est aux prises avec l'urgence espagnole.
"Le camp européen a déclaré qu'il répondrait rapidement" à la crise, a déclaré le ministre japonais des Finances Jun Azumi après une conférence téléphonique avec ses homologues des autres pays industrialisés membres de ce forum (Etats-Unis, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie).
En revanche, aucune mesure n'a été annoncée par les grandes puissances, alors que l'espoir d'une hypothétique action des banques centrales avait un temps soutenu les marchés financiers dans la matinée. Dans la foulée de la réunion téléphonique, l'euro reculait par rapport au dollar tandis que les bourses européennes ont terminé en ordre dispersé.
Les Etats-Unis, qui président le G7 cette année, se sont bornés à publier un communiqué laconique selon lequel les ministres et banquiers centraux ont évoqué "les réponses politiques à l'étude, notamment les progrès vers une union financière et budgétaire en Europe".
Et dans toutes les capitales, les commentaires étaient à l'unisson, minimisant la portée de cet "échange d'informations régulier".
Pour autant, un responsable d'un pays du G7 a admis que l'Espagne était "au coeur des discussions", ainsi que "ce qui se passera après les élections grecques" du 17 juin.
A la veille de la réunion, le ministre canadien Jim Flaherty avait expliqué qu'elle porterait sur "la véritable préoccupation" du moment: "l'Europe" et "la faiblesse de certaines banques".
Il a estimé que la zone euro n'avait "pas agi suffisamment" pour "répondre" à la sous-capitalisation bancaire et pour "bâtir un pare-feu adéquat".
Les banques espagnoles au coeur des inquiétudes
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Les Etats-Unis avaient quant à eux appelé les Européens à prendre "d'autres mesures" pour résoudre la crise, puisque "les marchés restent sceptiques".
"Nous espérons voir l'Europe agir plus rapidement dans les semaines qui viennent" notamment "pour renforcer le système bancaire européen", a déclaré lundi un responsable du Trésor américain.
Ce sont les banques espagnoles qui sont au coeur des inquiétudes. Et l'Union européenne peine à s'entendre sur la meilleure manière d'y faire face.
L'Europe "doit soutenir les pays en difficulté", a lancé mardi le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, plaidant pour plus d'intégration budgétaire et bancaire. Son ministre du Budget Cristobal Montoro a estimé de son côté que l'envolée des taux d'emprunt de Madrid lui fermait l'accès aux marchés.
A bout de souffle, l'Espagne refuse pour l'instant d'en appeler publiquement à l'aide internationale. Cristobal Montoro a affirmé que son pays, quatrième économie de la zone euro, ne pouvait "techniquement pas faire l'objet d'un sauvetage", au motif que cela coûterait beaucoup trop cher aux autres Etats membres.
Madrid ne veut pas d'une tel soutien financier qui impliquerait, en l'état, qu'elle négocie une cure d'austérité avec les Européens, voire le Fonds monétaire international.
Mariano Rajoy espère en fait voir aboutir les réflexions en cours pour permettre au fonds de secours de la zone euro de recapitaliser directement les banques en difficulté, sans passer par une négociation.
Ce plan est poussé par la Commission européenne et plusieurs pays, dont la France. Mais il se heurte aux réticences de l'Allemagne.
Un tel mécanisme s'inscrit dans une réflexion plus profonde menée par les Européens sur l'avenir de la zone euro, en vue du sommet de l'UE des 28-29 juin.
La chancelière allemande Angela Merkel ne ferme pas totalement la porte à la mise en place d'une union bancaire, voire à des euro-obligations pour mutualiser une partie des dettes publiques, mais n'y voit pas une solution à court terme et l'aboutissement d'un processus de longue haleine qui passerait par une perte de souveraineté budgétaire.