Poids lourd du Bel20, l’action du géant mondial de la bière AB InBev a connu l’une de pires séances boursières de son histoire ce jeudi, les investisseurs sanctionnant la publication de mauvais chiffres trimestriels, conjugués à l’annonce d’un dividende réduit de moitié.
Les résultats du troisième trimestre de l’année ont confirmé les craintes exprimées par les analystes ces derniers mois. Le premier brasseur mondial a ainsi acté sur la période un net recul de ses ventes sur ses marchés principaux que sont les Etats-Unis et le Brésil, mais aussi en Afrique du Sud et en Argentine.
Aux Etats-Unis, son premier marché, le groupe a vu son bénéfice reculer sous le coup d'une hausse des matières premières, essentiellement celui de l'aluminium. Au Brésil, second marché du brasseur, les ventes de bières ont baissé en raison de la dégradation de la confiance des consommateurs, sur fond de stagnation du pouvoir d'achat.
Face au recul de ses revenus et un bénéfice net en repli de 31%à 1,6 milliard de dollars, la direction a décidé de réduire de moitié, à 1,80 euro par action, son dividende pour l'exercice en cours.
Cette décision devrait permettre au brasseur, qui détient des marques comme Budweiser, Stella Artois et Corona, d’économiser quelque 3,55 milliards de dollars. Le management a précisé qu’il devrait pouvoir renouer avec une croissance du dividende dans un an ou deux, précisant toutefois qu’elle sera modeste en raison du poids de la dette.
En réaction, l’action a accusé une perte de 10% à la clôture des marchés, sous les 70 euros, portant à plus de 30% son repli cette année, après avoir déjà perdu 7,4% en 2017.
Moins pour les actionnaires, plus pour les obligataires
Si les actionnaires font la grimace, l’annonce d’une réduction du dividende a de quoi rassurer les créanciers, dont bien sûr les obligataires. Et pour cause, le management a expliqué que l’économie réalisée sur le dividende serait consacrée au désendettement de l’entreprise, une dette massive d’environ 109 milliards de dollars, fruit notamment du rachat de SABMiller il y a deux ans.
'Nous revoyons notre stratégie de distribution des dividendes pour accélérer le désendettement et revenir à une structure de capital optimale', a commenté en ce sens la direction dans un communiqué.
L’argent qui sera consacré au désendettement devrait donc renforcer la structure en capital de l’entreprise. Suite à cette annonce, on a d’ailleurs pu observer une remontée des cours des emprunts AB InBev sur le marché secondaire, les investisseurs se montrant plus confiants de la soutenabilité de la dette du groupe.
On rappellera à ce titre que le premier brasseur mondial a émis quantité d’obligations au fil du temps, et que nombreuses d’entre elles se traitent sous le pair.
Parmi d’autres, citons l’obligation remboursable en 2022, dont le prix tourne autour des 96% du nominal pour un rendement annuel de 3,70% (coupures de 1.000 dollars).
Le brasseur a également placé des obligations libellées en dollar canadien, dont une remboursable dans moins de cinq ans et proposant un rendement annuel de 3,50% (coupures de 1.000 dollars CAD).
Rappelons que la dette émise par AB InBev et ses filiales est notée dans la catégorie des investissements jugés de bonne qualité par Moody’s et Standard & Poor’s, les agences leur attribuant un rating « A3 » et « A- ».