
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les optimistes qui avaient prédit un « été tranquille » ont finalement eu raison… et même à 101% : ceux qui auraient décidé de prendre leurs 5 semaines de congé d’un seul tenant auraient éteint leurs écrans le 21 juillet avec un CAC40 à 5 117 points pour le retrouver quasiment au même niveau ce 28 août. Ceux qui se seraient contentés de 4 semaines en partant le 2 août feront le même constat… mais regretteront peut-être de s’être ennuyés inutilement une semaine de plus devant des marchés qui ne vont nulle part. C’est tellement vrai que le CAC40 n’a algébriquement pas varié depuis le 31 mars dernier (5 100 points)… Et c’est encore plus désespérant sur l’EuroStoxx50, qui stagne depuis le 10 mars.
Mais ne faisons pas la fine bouche, puisque l’équivalent de 2,5% de dividendes auront été versés aux actionnaires dans l’intervalle, auxquels il faut rajouter les 5% déjà gagnés dès la mi-mars, plus un bonus de +8% « d’effet macron » à Paris entre les 21 avril et le 8 mai pour ceux qui auraient eu la sagacité de vendre le « fait accompli » vers les 5 440 points. Mais le fait politique compte assez peu dans les décisions d’investissement depuis l’entame du second semestre. L’effondrement sans précédent de la popularité du président, puis sa toute récente tournée catastrophique dans les ex-pays d’Europe de l’Est (Macron s’est fait rembarrer par le président roumain et a frôlé l’incident diplomatique avec la Première ministre de la Pologne) n’affectent pas particulièrement les valeurs françaises qui restent parfaitement alignées sur la performance de l’E-Stoxx50 ou de l’E-Stoxx600. On pourrait pourtant presque évoquer un « état de disgrâce » pour résumer les 100 premiers jours de la présidence Macron – mais laissons cela aux chroniqueurs politiques.
Les actions se sont envolées sur le fol espoir d’un « électrochoc Macron »… mais ne cèdent rien sur le constat que rien ne change – et surtout pas l’alourdissement immédiat de la facture fiscale au nom d’un hypothétique allègement « plus tard ». Nous avions déjà fait le même constat avec l’électrochoc Trump qui avait tout promis et qui ne tiendra rien, sans provoquer aucune réaction de Wall Street. Les indices US ont au contraire enchaîné la plus spectaculaire série de records absolus de l’histoire, en dépit de l’effondrement de la crédibilité présidentielle et de l’implosion de son équipe gouvernementale. Mais il y a plus troublant encore : une étude conjointe de Bank of America (NYSE:BAC) et EPFR/Standard & Poor’s nous apprend que les fonds actions américains ont subi, depuis fin juin, leur plus longue série de désinvestissement en 13 ans pour un montant cumulé de 33 Mds$.
Cependant, cet argent ne s’est pas évaporé dans la nature : il a été réinvesti (+36 Md$) dans des fonds orientés Europe, Asie (retour en grâce du Japon) et marchés émergents (baisse du dollar oblige)… et à plus de 66% via des ETF (qui écrasent littéralement la gestion discrétionnaire, nous l’avons maintes fois déjà évoqué, comme ici et ici). Mais attendez… nous nous égarons : à quoi nous avancent ces digressions politiques ou techniques ? Quel rapport avec Wall Street qui enchaîne les records ? Les indices US n’ont cessé de s’apprécier depuis que les capitaux prennent soi-disant la fuite ! Pas même l’amorce d’une consolidation… ou alors, « à l’horizontal ».
Cela posé, une toute petite question nous taraude : si les investisseurs désertent Wall Street, si les 100 premiers jours de Macron et les 6 premiers mois de Trump s’apparentent à une débâcle… alors, qui paye les marchés et qui les maintient à flot ? Qui peut sortir 30 Md$ de son chapeau pour soutenir Wall Street depuis fin juin (et s’il était besoin de mobiliser 50 Mds$, ce serait tout pareil) ? Et pourquoi le Bitcoin vient-il de prendre 50% en 4 semaines ? Nous avons bien un début de réponse mais le silence des banquiers centraux sur les questions de politique monétaire à Jackson Hole ne nous permet pas d’étayer notre argumentation. A moins qu’il ne s’agisse d’un « silence éloquent »… comme celui de Madoff avant l’effondrement de son Ponzi.
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