Accueil mitigé pour les nouvelles émissions à 5 et 10 ans de la République d'Argentine
Après avoir été mise en quarantaine sur le plan international pendant quinze ans, la République d’Argentine avait fait son grand retour sur le marché obligataire au mois d’avril 2016. Ce mercredi, elle a annoncé l’émission de deux nouvelles tranches pour un montant total de 2,5 milliards d’euros.
En décembre 2001, incapable de faire face aux 100 milliards de dollars à rembourser, le défaut de paiement avait été décrété par le gouvernement argentin. Les créances pour lesquelles une cessation de paiement avait été déclarée avaient alors été échangées contre de nouveaux titres, correspondant à environ 30% de la valeur nominale originelle, et dont l’échéance avait été prolongée à 30 ans.
7% des créanciers n’avaient pas accepté cet accord et ont revendu leurs titres à des fonds « vautours », qui ont acheté ces obligations à prix cassé et sont entrés dans un bras de fer avec Buenos Aires dans l’espoir de récupérer le prix plein, soit 1,5 milliard de dollars. Buenos Aires avait à l’époque refusé de les rembourser, ce qui mena le pays à un défaut partiel en 2014.
Entre 2003 et 2015, faute de parvenir à un accord avec les créanciers, les gouvernements Kirchner s’étaient tenus à l'écart des marchés des capitaux, parvenant à désendetter le pays grâce notamment au produit des exportations agricoles, en plein boom des matières premières.
Suite à la victoire du libéral Mauricio Macri aux présidentielles de 2015, le nouveau gouvernement avait fait d’un accord une priorité, en vue d’envoyer un signal de confiance aux investisseurs.
"Cet accord donne à l'Argentine la possibilité d'en finir avec un conflit qui l'empêchait de lever des fonds sur les marchés internationaux", s'est félicité le président argentin.
Au mois d'avril de cette année, le parlement avait donné son feu vert à une levée de 12,5 milliards de dollars sur le marché obligaire. A moindre mesure, cette demande a été réitérée puisque les créanciers obligataires ont à nouveau été sollicités cette semaine.
Focus sur les nouvelles obligations émises
L’obligation à maturité 15/01/2022 offre un coupon de 3,875% et est de type senior non-sécurisé. Le prix d’émission était de 99,432% et elle peut désormais être achetée aux alentours de 98.65% du nominal, correspondant à un rendement annuel de 4,16%.
Echéant cinq ans plus tard, le 15/01/2027, l’obligation au coupon de 5% est également orientée à la baisse puisqu'il faut tabler sur un cours de 97,45% pour se la procurer, relevant son rendement à 5,32%. Cette obligation est quant à elle de type non-sécurisé.
Chez Moody’s, le rating attendu de ces deux tranches est « B3 », correspondant à une note « B- » chez Standard & Poor’s. Toutes deux nécessitent un investissement de 100.000 euros pour une taille émise de 1,25 milliard chacune. Les premiers coupons, payés annuellement, sont attendus au 15/01/2017.