Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Bien connue des amateurs de cryptomonnaies, la plateforme eToro s’apprête à s’introduire en Bourse par le biais d’une SPAC. Mathieu Lebrun nous en dit plus sur cette nouvelle méthode très en vogue depuis quelques mois…
Pour certains secteurs, la crise du Covid-19 et les restrictions qui en ont découlé, confinements, reconfinements et autres couvre-feux, n’a pas eu que des désavantages. Parmi eux, celui du courtage en ligne.
En Europe, on avait déjà pu constater ces derniers mois l’insolente santé financière de courtiers low cost comme Degiro et Bourse Direct, dans un contexte général d’engouement grandissant pour les marchés actions de particuliers que la pandémie a rendu plus motivés à l’idée de chercher des compléments de revenus.
J’avais évoqué le cas du second l’été dernier dans ces colonnes et force est de reconnaître que, depuis, la dynamique haussière ne s’est pas essoufflée. L’action a au contraire vu son cours multiplié par deux depuis, comme illustré par le cercle noir sur mon premier graphique ci-dessous.
Degiro n’a pas non plus été en reste… :
Avec la montée en puissance concomitante des WallStreetBets et autres Robinhood traders ces derniers mois aux Etats-Unis, la tendance générale se confirme et c’est donc désormais au tour d’eToro d’entrer dans la danse.
Plus dure pourrait être la chute
Créé en 2007, ce spécialiste israélien du trading social et du courtage s’apprête en effet à plonger dans le grand bain boursier, sans recourir à une IPO classique, mais par le biais d’une SPAC (Special Purpose Acquisition Company), en l’occurrence FinTech Acquisition Corp, débarquée sur le Nasdaq seulement en décembre dernier.
Concrètement, eToro s’apprête à fusionner avec « FinTech V » pour une valorisation estimée à plus de 10 Mds$. Elle surfe ainsi sur une tendance lourde, puisque comme le montre l’image ci-dessous, les SPAC ont d’ores et déjà levé autant – et même un peu plus – de capitaux entre janvier et la mi-mars que tout au long de l’année 2020.
Pour les non-initiés, une SPAC est un véhicule d’investissement sans activité commerciale dont le seul objet est de lever des fonds en vue de réaliser de futures acquisitions. Il s’agit donc de l’une des grandes modes du moment, à laquelle ont récemment succombé de grands noms de la finance comme Felipe Dutra, ex-numéro deux du brasseur AB InBev, Jean-Pierre Mustier (l’ancien patron de la branche d’investissement de Société Générale parti ensuite chez Unicredit (MI:CRDI)) et plus encore l’emblématique patron de Kering (PA:PRTP) François Pinault.
De façon plus étonnante, même le rappeur Jay-Z et la tenniswoman Serena Williams ont fini par s’y mettre !
Reste à savoir s’il faut vraiment s’en réjouir quand on sait que, dans les années 1920, les investment trust fleurissaient dans un climat d’euphorie comparable à celui que nous vivons aujourd’hui. Or, ce fut le prodrome à une surchauffe de Wall Street qui a abouti à la tristement célèbre crise de 1929.