Après un mois de janvier calamiteux mais dont les dégâts ont été colmatés à la sauvette les 28 et 29 janvier par une vague d’achats tactiques, les investisseurs espéraient des signaux boursiers plus encourageants en ce début de mois de février. Car le mois de février, c’est le mois positif par excellence : il s’est toujours soldé par des hausses indicielles ou nulle (en 2013 et 2010) depuis 2009.
Et le mois de février n’a été négatif (plus de 1% de perte) que 3 fois depuis l’an 2000.
En revanche, nous pouvons observer que l’amorce des corrections boursières majeures des 15 dernières années ont toutes des similitudes troublantes, que ce soit sur le CAC40 ou sur le S&P500 : plafonnement en double sommet, correction de 2 mois suivie d’un rebond de 2 mois (ou 1 mois puis 1 mois mais toujours avec cette sorte de symétrie) puis premier cycle correctif majeur de 5 mois (novembre 2000/mars 2001, novembre 2007/mars 2008, mai/septembre 2011… et novembre 2015 à mars 2016 ?). C’est souvent le premier coup d’une série de 3 épisodes correctifs majeurs de 5 à 6 mois, entrecoupés de 3 mois de rémission avant une nouvelle glissade d’une intensité désespérante.
Autre point commun : le secteur bancaire fait office de précurseur de la tendance moyen terme en sous-performant le benchmark, sous le regard incrédule de nombreux analystes peu lucides sur les forces de destruction titanesques accumulées sur les marchés dérivés et les positions à effet de levier (financées à crédit).
Et alors que le mois de février se solde déjà par une rechute de -5% des indices en 3 séances, de nombreux gérants continuent de faire preuve d’optimisme. Les récents supports techniques ne sont plus très loin (à -3% sur le CAC40) ; les banques centrales demeurent market friendly(elles sont prêtes à ressortir le bazooka monétaire) et les planètes demeurent relativement bien alignées.
S’il n’y avait cette petite menace déflationniste (la faute au pétrole et aux matières premières), tous les voyants économiques ne seraient pas loin d’être au vert.
Le chômage est tombé à son plus bas niveau (6,2%) en Allemagne depuis la réunification, le secteur privé continue de créer des emplois aux Etats Unis (+205 000 selon ADP en janvier), et notamment dans le secteur marchand (les entreprises du secteur industriel et énergétique en ont détruit 260 000 en 2015), et les ventes de détail ont progressé de +0,3% en décembre dans l’Eurozone (mais pas en France).
Or c’est avec ce secteur marchand que nous avons un problème car dans le même temps, l’indice ISM des services américain décroche nettement au mois de janvier (à 53,5 contre 55,3 en décembre) : c’est plus que troublant. D’autant que le principal pourvoyeur d’emplois du secteur marchand, la grande distribution, commence à fermer des magasins par centaines et à licencier : Wal-Mart ferme 269 magasins, Macy’s une quarantaine, Gap a déjà annoncé 175 fermetures, etc.
L’autre symbole de l’Amérique, le Mall (le centre commercial tout en un regroupant toutes les grandes enseignes et les grandes marques) est en perte de vitesse : 25 ont déjà fermé en deux ans et 60 autres semblent condamnés.
C’est de la faute aux nouvelles habitudes de consommations : Internet, les sites marchands qui pratiquent des super discounts… vous connaissez cela par cœur.
Alors que penser de la chute boursière d’Amazon (O:AMZN) (-5% mercredi) qui symbolise plus que n’importe quel autre acteur la relève de la distribution classique ? Amazon, ce quatrième mousquetaires des GAFA (Google (O:GOOGL), Apple (O:AAPL), Facebook (O:FB), Amazon) qui ont contribué pour 50% à la hausse du Nasdaq en 2015, commence à déraper à Wall Street alors que les perspectives 2016 déçoivent les analystes.
Amazon est le vrai benchmark des fondamentaux économiques aux USA, situé au carrefour de la consommation (dépenses des ménages), de la technologie de pointe (méga hubs de répartition), des services en ligne (y compris le cloud), de la messagerie (livraison des colis), des les coûts énergétiques, etc.
Si le recul des valeurs bancaires doit nous alerter (les raisons demeurent opaques), en revanche, Amazon constitue un reflet assez fidèle de la santé de l’économie réelle aux Etats Unis. C’est une valeur à suivre de très près. Et il est vital d’identifier toutes les valeurs ayant un parcours boursier comparable et qui font preuve d’une faiblesse inattendue depuis fin novembre.
De façon assez marquante, c’est le secteur automobile et leurs partenaires équipementiers qui émettent les signaux de retournement baissier les plus alarmants. Malgré 20% de repli depuis novembre, les plus-values accumulées depuis l’été 2012 sont encore considérables.
Si le CAC40 est bien entré dans son premier cycle correctif de 5 mois depuis 2008 et 2011, nous n’en sommes donc qu’à mi-parcours et il est encore temps de s’alléger sur Renault (PA:RENA), Valeo (PA:VLOF), Peugeot et Faurecia. A bon entendeur !