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Avis de très forte tempête sur le Royaume-Uni

Publié le 02/12/2020 12:00

Plus que quelques jours pour savoir si Européens et Britanniques vont trouver un accord sur le Brexit. Un no-deal serait une catastrophe des deux côtés de la Manche mais surtout au Royaume-Uni. Pour ne rien arranger, la pandémie frappe toujours, le système de confinement à trois niveaux est contesté, le premier ministre a viré son principal conseiller, le Chancelier de l’Echiquier est sur la sellette, l’Ecosse réclame un nouveau référendum sur l’indépendance et la question irlandaise menace de revenir sur le tapis.  Shocking!

Il y a quelques jours, la BBC parlait de double, voire de triple “Whammy”, de double ou un triple choc pour décrire la situation que doit affronter le Royaume-Uni en ce moment. En français, on dirait plutôt “la totale”.

Il y a bien sûr, tout d’abord, l’issue du Brexit, qui doit être finalisée avant le 31 décembre. Cette semaine, on saura probablement si un accord est encore possible. Michel Barnier a décidé d’aller à Londres afin de poursuivre ses entretiens avec son homologue David Frost. Il se donne quatre jour pour réussir. En attendant, le bras de fer continue. Chaque partie tente de faire croire à l’autre qu’elle se passerait d’un accord si ça l’oblige à renoncer à ses principes: la souveraineté pour les Britanniques, le respect des conditions d’accès au marché unique pour l’UE. Boris Johnson a déclaré que son pays pouvait “prospérer sans traité commercial”. "On n’est pas loin du moment Take it or leave it" a déclaré de son côté, Michel Barnier, dont la patience est à bout.

La négociation bute toujours sur deux obstacles. Primo, la question de la pêche dans les eaux britanniques. L’UE aurait concédé une réduction de 15-18% de son volume de pêche, une offre que les Britanniques ont déjà qualifiée de “dérisoire”. Ces derniers demandent que les Européens renoncent à 80% de leurs droits de pêche, évalués à 650 millions d’euros/an. Ils veulent également que ces droits soient renégociés tous les ans, ce qui est inacceptable pour les Européens. On a du mal à croire que l’accord risque de capoter pour une histoire de harengs, d’autant plus que l’industrie de la pêche ne représente que 0,12% du PIB britannique. Mais pour les Britanniques, c’est une question de souveraineté maritime. 

Second écueil, le “level playing field”. Pour accéder au marché unique européen sans payer de droits de douane, les Britanniques doivent s’engager à ne pas pratiquer de concurrence déloyale, que ce soit en octroyant des subventions à leurs industries ou en assouplissant les normes sociales, sanitaires et environnementales. Pour éviter toute forme de dumping, l’UE exige que les normes de part et d’autre évoluent de concert et qu’elle soient sanctionnées au cas où elles apportent un avantage compétitif à l’une des deux parties. Les Britanniques ne veulent pas entendre parler d’une prééminence du droit européen pour juger les écarts.

Des lendemains qui déchantent

En cas d’échec des négociations, on se dirige donc vers un découplage des marchés. Les tarifs douaniers britanniques devront s’aligner sur ceux prévus par l’OMC et respecter  la clause de la nation la plus favorisée. Quant à l’UE, elle appliquera les droits de douane et les quotas habituellement accordés aux “pays tiers”. Cette nouvelle politique tarifaire aura des conséquences dommageables sur les relations commerciales entre les deux entités. Le Royaume-Uni subira le plus grand choc que l’UE car ses exportations de biens vers l’UE représentent 46% du total de ses exportations et ses importations en provenance de l’UE, 53% du total de ses importations. L’important secteur des services, qui représente 79% de l’économie britannique et compte pour 45% dans le total de ses exportations, a l’UE pour principal débouché.

Dans l’autre sens, les exportations des pays de l’UE vers le Royaume-Uni ne représentent que 6,6% du total des exportations de l’UE et 3,8% de son PIB. La Belgique et les Pays-Bas, dont les exportations vers UK s’élèvent à 7% de leur PIB seront les pays européens les plus touchés par un non-accord éventuel.

La Confédération des Industries Britanniques s’attend à ce que 90% des marchandises exportées soient taxées en cas de no-deal mais certains secteurs seront plus durement touchés que d’autres. Par exemple, les droits à l’entrée de l’UE s’élèveront à 10% pour les automobiles, ce qui signifie que l’amateur de marques anglaises fabriquées au Royaume-Uni devra débourser 3.000 euros de plus en moyenne pour s’offrir la voiture de ses rêves. Dans l’autre sens, le consommateur anglais paiera un surcoût du même ordre pour une voiture allemande. Les voitures n’étant plus compétitives à ce prix-là, un grand nombre de consommateurs s’abstiendront d’acheter une voiture ou reporteront leur choix sur des modèles asiatiques. L’industrie automobile s’attend à une perte de 120 milliards d’euros des deux côtés de la Manche.

Pas qu’un problème de tarifs

Plus que les droits de douane, les industriels britanniques craignent les obstacles non tarifaires: quotas, inspections à l’entrée, retards administratifs, files aux frontières. L’exportateur britannique devra remplir des documents même en l’absence de tarifs. Le nombre total de documents administratifs à remplir passerait de 55 milions à 275 millions et le surcoût de cette paperasserie est évalué à 15 milliards de livres sterling l’an. Les industries qui dépendent du “just in time” au niveau de leur chaîne logistique – automobiles, chimie, grande distribution, - seraient lourdement pénalisées et les produits pharmaceutiques qui doivent être livrés impérativement dans les 24h deviendraient inutilisables. La certification de conformité qui sera exigée de part et d’autre en cas de no-deal est un autre problème qui empêche de dormir les industriels de la chimie, du pharmaceutique ou de l’aéronautique.

Un découplage entre l’UK et l’UE aurait des conséquences incalculables sur la vie des Britanniques et dans une moindre mesure, sur celle des Européens. Le transport de l’énergie ne se fera plus aussi facilement. En cas de pénurie ou de rupture du réseau électrique, les Britanniques devront faire l’appoint en comptant sur leurs réserves (en renouvelable). Le transfert des données critiques (justice, police, anti-terrorisme) dépendra de l’adéquation entre les normes des deux entités. La connectivité indispensable dans le domaine du transport aérien sera un autre souci. Les files de camions aux frontières risquent d’être interminables. Les Britanniques devront bientôt remplir un document ETIAS pour voyager dans l’UE. Et la liste des problèmes ne fait que s’allonger… 

Coup de Trafalgar sur la City

D’après l’Office for Budget Responsability (OBR), un no-deal amputera le PIB de 2 points supplémentaires à court terme et de 4 points à plus long terme et la Banque d’Angleterre prévoit désormais un recul de 11% du PIB en 2020. Elle a dû reviser ses projections à la baisse en raison de la deuxième vague du coronavirus qui frappe lourdement le Royaume-Uni. Les chiffres pour 2021 ont été également revus à la baisse: 7,25% au lieu de 9%. Ceci sans tenir compte d’un no-deal. Pour KPMG, la croissance serait divisée en deux en 2021 en cas de no-deal. Le bureau l’évalue à 4,4% (10,1% si le Royaume restait dans le marché unique, 7,2% si un accord a minima sur les biens est conclu). Pour l’OBR, un no-deal entraînerait la mise au chômage de 300.000 Britanniques. Même si l’impact de la crise du Covid est bien plus fort, les conséquences d’un no-deal risquent d’être plus profondes et durables.

Le secteur de la finance, fleuron du know-how britannique et qui représente 10% des rentrées fiscales du royaume serait durement touché par un no-deal. Les firmes financières qui n’ont pas délocalisé sur le continent européen, perdraient du coup leur passeport financier, c’est-à-dire le droit d’opérer dans l’UE. Elles ne pourront le faire que si la Commission européenne agrée l’équivalence entre règlements britanniques et européeens, comme elle l’a fait pour les chambres de compensation et les dépositaires centraux en vue de garantir la stabilité du système financier. Mais apparemment, L’UE est moins pressée que sa contrepartie britannique et elle garde cette prérogative comme monnaie d’échange dans le cadre d’une négociation future.

Un royaume pas si uni que ça

Le protocole de l’accord de retrait prévoit une frontière ouverte entre les deux Irlandes, afin de ne pas réveiller les tensions entre les deux communautés. En conséquence, Londres a accepté que l’Irlande du Nord reste dans le marché unique européen bien qu’elle fasse partie du Royaume-Uni. Un éventuel no-deal ne changera rien à cette disposition mais rendra la situation encore plus paradoxale, un morceau du Royaume-Uni restant partiellement attaché à l’UE et adhérant à ses règles et normes.

La nouvelle frontière commerciale entre le Royaume-Uni et l’UE se situe désormais “en mer d’Irlande”, centre névralgique du dispositif. C’est là qu’aura lieu le contrôle des marchandises transitant entre l’UE et le Royaume-Uni. Les marchandises en provenance du Royaume-Uni et entrant en Irlande se verront appliquer les droits d’entrée de l’UE sauf si elles sont destinées au marché intérieur de l’Irlande du Nord. On imagine facilement l’usine à gaz dont devra s’occuper le comité mixte, un organisme ad hoc chargé de contrôler la bonne circulation des biens.

Contraint d’accepter une frontière intérieure, le Royaume-Uni aura également le plus grand mal à empêcher l’Ecosse de gagner son indépendance et de rejoindre l’UE, elle qui avait voté à 62% en faveur du “remain”. La demande de la première ministre écossaise Nicola Sturgeon d’organiser un deuxième référendum sur l’indépendance a été rejeté par Boris Johnson, les dirigeants écossais ayant promis qu’un référendum comme celui de 2014 n’aurait lieu qu’un seule fois par génération. Mais le Covid a changé la donne. 72% des Ecossais sont satisfaits de la manière dont le gouvernement local a géré l’épidémie alors qu’une majorité de Britanniques n’a plus confiance en Boris Johnson, lequel a changé plusieurs fois sa stratégie pour combattre le virus.  “L’indépendance est clairement en vue (…) je n’ai jamais été aussi certaine que nous la réaliserons » a déclaré Nicola Sturgeon qui peut compter sur une opinion largement favorable.

Il est minuit moins une, mister Johnson

Les nouvelles mesures de confinement partiel adoptées par le gouvernement de Boris Johnson ont suscité un tollé dans son parti. En répartissant le pays en trois niveaux de restriction en fonction du taux de contamination, le gouvernement Johnson s’est mis à dos des dizaines de députés conservateurs, notamment ceux dont la circonsciption s’est retrouvée dans le rouge.  Pour apaiser leur colère, Boris Johnson a dû fixer une date à laquelle cette mesure prendra fin. Serait-il disposé à quitter l’UE sans accord pour faire plaisir à ceux qui dans son parti ont toujours été en faveur d’un Brexit dur? C’est possible. Tout est possible. L’Angleterre donne de plus en plus l’impression d’un bateau ivre, qui navigue à vue, change de cap sur un coup de tête et prend eau de toutes parts. Un no-deal Brexit serait la franchement la goutte de trop.

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