Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Durant l’été 2010, dans les colonnes du Monde, j’expliquais certains tenants et aboutissants du présage d’Hindenburg.
Si j’évoque ce mardi ce concept boursier, dont le nom fait directement référence à la catastrophe du Hindenburg, un dirigeable qui se consuma avant de s’écraser en 1937, c’est parce qu’il vient tout juste de se produire à nouveau.
Soyons clair : le présage d’Hindenburg, auquel certains spécialistes reprochent parfois de trop nombreuses occurrences, ne fait pas l’unanimité, et pour ce qui me concerne, je vois en lui un signal nécessaire, mais pas forcément suffisant pour valider certaines hypothèses baissières. C’est d’ailleurs pour cette raison que je le recoupe avec d’autres filtres personnels.
Cette méthodologie permet de lisser ce que l’on appelle les bruits et une fois ceux-ci « passés au tamis », les dernières apparitions concrètes du présage susmentionné sont survenues mi-juillet 2019 et en septembre 2018 . Or, dans les deux cas, nous en fûmes quittes pour des « sell-off » assez marqués sur les indices.
Le CAC40 avait ainsi fondu de 400 points en l’espace d’une semaine en août dernier et il se trouve qu’en cette seconde moitié de novembre, mes voyants commencent à rougir…
En effet, la course aux records se poursuit outre-Atlantique, l’ascension est tout sauf homogène et, comme l’a souligné mon confrère Philippe Béchade dans ces colonnes hier, profite surtout – une fois de plus – aux plus grosses valeurs, très liquides, sur lesquelles les opérateurs peuvent vite reprendre leurs billes sans le moindre souci de contrepartie au premier couac.
Il suffit d’un coup d’œil sur l‘allure parabolique de l’évolution du cours d’Apple (NASDAQ:AAPL) ces dernières semaines pour étayer ce constat. Au surplus, si vous ajoutez à la capitalisation boursière actuelle d’Apple celle de Microsoft (NASDAQ:MSFT), vous vous retrouvez avec l’équivalent du Russell 2000 (NDLR : l’indice Mid & Small de référence outre-Atlantique) !
Une hausse dans le désordre
Force est donc de constater qu’un grand nombre de compartiments de la cote ne suit pas le mouvement haussier, ce qui révèle une participation défavorable des opérateurs. Si vous n’êtes pas familier des termes auxquels l’article fait référence, voilà ci-dessous le principe (en anglais une nouvelle fois) :
Pour faire simple, quand vous avez simultanément un nombre substantiel de valeurs qui inscrivent des plus hauts et des plus bas annuels, vous pouvez nourrir de sérieux doutes quant à l’homogénéité d’un mouvement. Dans un marché sain, la proportion de titres qui inscrivent des sommets de 52 semaines doit suivre l’orientation générale du marché (à la hausse donc actuellement), mais ce n’est pas le cas ici.
Afin de mieux illustrer mon propos, nous avions par exemple Walmart (NYSE:WMT) qui évoluait sur des plus hauts de 52 semaines et même sur des sommets historiques au-delà des 120 $ la semaine dernière à la suite du relèvement de ses objectifs annuels (cf. le cercle noir ci-dessous).
Parallèlement, un autre poids lourd, Cisco (NASDAQ:CSCO), trébuchait pour sa part sur ses plus bas annuels (cf cercle noir ci-dessous).
Idem pour le secteur des semi-conducteurs et autres concepteurs de cartes-mémoire : quand Nvidia (NASDAQ:NVDA) « pleurait » vendredi, Applied Materials (NASDAQ:AMAT) riait et touchait de nouveaux records historiques (cf. le rectangle noir ci-dessous).
Pour ce qui me concerne, j’ai de plus en plus l’impression que les bonnes nouvelles sont désormais largement « pricées » et rejoint globalement la vision d’UBS.
Que l’on aille chercher ou pas le cap rond des 6 000 points sur le CAC40 à court terme (sans doute sur, enfin, l’officialisation d’un accord dit de « phase I » entre Pékin et Washington), je suis davantage enclin à vendre qu’à acheter sur les niveaux actuels de marchés.
Et si vous voulez couvrir votre portefeuille actions ou tout simplement spéculer à la baisse, vous pouvez me retrouver ici!