Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Dans sa traditionnelle chronique du lundi, Philippe Béchade revient sur la fracassante entrée en Bourse de Snowflake, une entreprise de logiciels fondée par deux Français qui a affolé les compteurs mercredi à Wall Street.
Un grand nombre de professionnels ont exprimé leur déception au sortir de cette fin de trimestre boursier quelque peu ratée, avec un Nasdaq qui a perdu environ 10% par rapport à ses récents sommets historiques du 3 septembre.
Il y a, il est vrai, peu d’exemples au cours des deux dernières décennies de séances des « 4 sorcières » supposées couronner un trimestre de gala et qui se sont achevées par un final aussi consternant, attendu que tous les indicateurs directionnels étaient au vert 15 jours auparavant et que le retournement n’a été précédé d’aucun des signaux précurseurs habituels. Un précédent est toutefois resté tristement célèbre : le « pic » du 4 septembre 2000, alors que les valorisations étaient en ébullition et que foisonnaient les IPO d’entreprises fantômes au suffixe « dot.com ».
A l’époque, mes banquiers mettaient sur le marché un simple business plan et quelques copains journalistes complaisants montaient les œufs en neige dans la presse spécialisée de la Silicon Valley, décrivant une nouvelle start-up qui allait révolutionner le monde numérique… à condition bien sûr que le PDG ne parte pas avec l’argent de la levée de fonds pour couler une retraite dorée dans un paradis fiscal asiatique.
20 ans plus tard, ce n’est pas peine d’inventer de futurs prodiges pour transformer les jeunes pousses en haricots magiques : introduisez une valeur à 100 fois son chiffre d’affaires et au lieu de créer la stupeur, ce sont les investisseurs qui, de leur propre initiative, iront propulser la valorisation à 200 voire à 300 fois le chiffre d’affaires, comme nous avons pu l’observer le 16 septembre avec Snowflake, entreprise de logiciels qui, pour ses premiers pas en Bourse, a vu son cours s’envoler de 134% et sa valorisation atteindre les 70 Mds$.
Comme dans un jeu vidéo
Une performance ahurissante que les bonimenteurs les plus habiles s’adressant aux boursicoteurs les plus naïfs n’avaient jamais réussi à réaliser au plus fort de l’hystérie des « dot.com »… Il va sans dire qu’elle n’a absolument rien à voir avec les fondamentaux : tout est question ici de comportement grégaire, de momentum, de delta et, comme au poker, de probabilités.
Investir sur le Nasdaq, plus que sur n’importe quel autre indice, équivaut désormais à ouvrir une session de jeu vidéo en ligne comptant des millions de participants qui tenteraient de maximiser leurs gains dans un monde virtuel où la rapidité, la tactique (s’unir temporairement avec d’autre « gamers » pour dégommer un « antagonist » et passer au niveau de jeu suivant). Rien à voir donc avec de l’investissement, mais il faut tout de même avoir le sens du timing et des nerfs d’acier.
Pour ceux qui n’aiment ni l’adrénaline, ni les consoles de jeu, la solution consiste à privilégier un package « nuits tranquilles ». Autrement dit, à ne jurer que par les GAFAM, dont la performance annuelle atteint encore +33%, même après le pullback des 3 dernières semaines, tandis que les 495 autres composantes (99%) du S&P500 accusent un repli de 7%.
En ajoutant Netflix (NASDAQ:NFLX), Paypal, Salesforces, Nvidia (NASDAQ:NVDA) et Adobe à votre sélection (soit un total de 10 titres sur les 500 de l’indice élargi américain), on arrive même à une hausse de 6%, les 98% de titres restants cédant pour leur part 8,5%.
Bref, il ne vous reste plus qu’à décider s’il vaut mieux détenir 1% du S&P500 ou élargir la sélection à 2%, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier…
Et pourquoi ne pas diversifier un peu plus avec Tesla (NASDAQ:TSLA), voire avec des valeurs qui débutent en Bourse comme Snowflake ?