Le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE a mis en exergue trois points saillants : 1) Il y a un appel unanime en faveur de davantage de réformes en zone euro afin d’accompagner la politique monétaire expansionniste qui, en soi, n’est pas remise en question. On le sait, il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau puisque les gouvernements ne vont pas modifier leur stratégie ; 2) Les membres du conseil des gouverneurs soutiennent massivement le programme TLTRO à destination des banques mais il n’y a pas de consensus au sujet des modalités du QE et surtout à propos de l’impact sur le secteur bancaire, et plus largement sur l’économie, des taux négatifs. Certains membres se sont inquiétés ouvertement de l’effet des rachats d’obligations d’entreprises qui pourraient créer des distorsions de marché étant donné que ce segment est peu liquide ; 3) Divergence d’analyse de la situation macroéconomique. Le vice-président de l’institution, Vitor Constancio, a souligné l’émergence d’effets de second tour. C’est un contraste notable par rapport aux propos tenus régulièrement par Mario Draghi qui souligne l’absence, pour le moment, de tels effets. Nous sommes de son avis. Aucune statistique ne permet de confirmer que les entreprises, influencées par la chute du prix du pétrole, aient décidé de geler les salaires et les prix. Pour preuve, les revenus nets continuent à augmenter dans la zone euro, même si c’est très faiblement.
Les derniers faits marquants :
Taux bas pour tous. Il s’agit de la principale réussite des banques centrales. Hier, le taux de rendement de l’obligation souveraine US à 10 ans a chuté à 1,71%. En France, des points bas ont été atteints puisque le pays a emprunté pour 10 ans à seulement 0,43% et pour 15 ans à 0,87%. Le mouvement est quasi-général puisqu’il touche même des pays considérés comme fragiles, à l’instar de la Grèce dont le taux d’emprunt serait à un niveau nettement plus élevé dans un contexte de marché normal. Cependant, la normalité n’existe plus depuis bien longtemps en bourse.
Les revendications chômage ont chuté plus que prévu aux Etats-Unis, à 267k contre un consensus à 270k. Cela conforte la bonne tendance sur le marché de l’emploi outre-Atlantique où les NFP sont autour de 200k par mois. L’économie américaine, même si elle n’évitera pas un ralentissement à moyen terme, fait partie des rares zones de prospérité au sein des pays développés.
Baisse drastique de la progression du commerce international cette année selon l’OMC qui ne s’attend plus qu’à une hausse de l’ordre de 2,8% contre 3,9% escompté précédemment. L’abaissement de cette prévision est en parfait accord avec l’évolution des exportations au niveau mondial et celle d’indicateurs avancés, comme le Baltic Dry Index. C’est la preuve que la reprise mondiale est peut-être là mais elle est extrêmement fragile.
À suivre aujourd’hui :
Dernière séance de la semaine. Elle s’annonce plutôt calme sur le front des statistiques avec seulement les chiffres de la production industrielle et de la production manufacturière à attendre du côté britannique.
Côté séance américaine, l’inflation au Brésil sera publiée en début d’après-midi avec un chiffre qui devrait atteindre 9,42% sur un an, soit très nettement au-dessus de la cible de la banque centrale. Le Brésil est certainement la plus grande déception en termes d’évolution macroéconomique des dernières années.