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Ceci n’est pas une œuvre d’art digitale. C’est bien davantage

Publié le 17/03/2021 13:04
Mis à jour le 14/05/2017 12:45

Toujours plus haut ! Une œuvre digitale (NFT) de l’artiste Beeple a été adjugée 69,3 millions de dollars lors d’une vente aux enchères en ligne organisée par Christie’s. Un quasi record pour un artiste vivant, totalement inconnu du grand public.

Raison de cet engouement : Christie’s avait accepté d’être payée en Ethers, une crypto-monnaie dont l’acheteur était un gros détenteur. Alors, bulle spéculative ? Sans doute. Mais l’essentiel est ailleurs. Le phénomène Beeple est lié à la révolution que la blockchain est en train d’apporter dans le domaine de la certification des documents numériques, du simple GIF au contrat intelligent.

Le premier surpris par le montant stratosphérique atteint par son travail, un collage de 5000 vignettes digitales, autrement dit un fichier numérique, c’est l’artiste lui-même. Il s’appelle Mike Winkelmann mais est surtout connu sous le nom de Beeple par ses deux millions de fans sur Instagram et ses 200.000 followers sur Twitter (NYSE:TWTR).

Diplômé en science informatique, Beeple ne se considérait pas vraiment comme un artiste. Il y a six mois encore, il n’avait jamais vendu la moindre œuvre signée de son nom. Mais il était du genre persévérant. Depuis 14 ans, jour après jour, il s’amusait à créer et à poster des vignettes numériques (de type GIF), mêlant images de science-fiction, animations, dessins humoristiques, mêmes et détournements de l’actualité.

L’œuvre intitulée « Everyday : the First 5.000 Days » et qui s’est arrachée à 69,3 millions de dollars, est le résultat de ce travail obstiné. Le voilà désormais propulsé au troisième rang des artistes vivants les plus chers, derrière David Hockney et Jeff Koons.

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Sans préjuger de la qualité de son travail – en art, tout est affaire de goût – on peut affirmer sans vexer personne que ce record n’est pas liée à la valeur intrinsèque de l’œuvre. Même un artiste contemporain profondément novateur comme Jean-Michel Basquiat n’a jamais atteint de pareils montant à son premier essai. Il a fallu attendre sa disparition à un très jeune âge et la reconnaissance progressive d’avoir à faire à un génie authentique pour que le franc tombe et que les prix de ses tableaux s’envolent.

Dans le cas de Beeple, il est clair que d’autres facteurs ont joué. Ils ont beaucoup à voir avec la bulle spéculative qui s’est formée autour des crypto-monnaies ainsi qu’avec l’émergence d’une nouvelle classe économique, les crypto-riches, qui doivent leur fortune quasi instantanée à la hausse fulgurante du Bitcoin ou de l’Ether.

Un win-win entre Christie’s et la galaxie crypto

En effet, pour la toute première fois, la vénérable maison de ventes Christie’s avait accepté des Ethers en guise de paiement. Autre première : face à la frénésie des offres, elle a même fini par consentir que l’on puisse surenchérir dans cette devise. On ne s’étonnera pas davantage que l’acquéreur, connu sous le pseudo Metakovan, ainsi que les enchérisseurs de dernière minute, étaient tous des « baleines », c’est-à-dire des gros détenteurs de crypto-devises. Il y a quelques années, Metakovan avait lui-même lancé une crypto-monnaie, le TRON, qui sans jamais atteindre le succès espéré, affiche tout de même aujourd’hui une capitalisation de 3 milliards de dollars.

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De fait, la mise en vente de l’œuvre numérique de Beeple a permis de sceller une nouvelle alliance entre d’une part, une maison de vente prestigieuse qui cherchait à s’ouvrir sur le marché prometteur de l’art digital et d’autre part, une nouvelle génération branchée sur l’économie alternative, dont les poches virtuelles débordent de crypto-devises. Les observateurs ont d’ailleurs noté que la majorité des intéressés par la vente étaient des nouveaux venus, ayant en général moins de 40 ans et totalement inconnus du marché de l’art. L’œuvre elle-même s’adressait avant tout au goût esthétique et aux références culturelles de cette communauté immergée dans la technologie, le virtuel et les crypto-monnaies.

De son côté, en se faisant payer en Ethers, échangeables contre des dollars sur quelques plateformes spécialisées, Christie’s ne prenait pas de gros risques. Certes, l’Ether fluctue de manière importante mais Christie’s, qui ne s’attendait pas à recevoir 9 millions de dollars de commissions au passage, a fait au total une très bonne affaire.

Du côté de la galaxie des crypto-monnaies, cette opération est également un win-win.  Ne reposant sur rien d’autre que le jeu de l’offre et de la demande, le Bitcoin ou l’Ether cherchent à être reconnus comme une alternative crédible aux monnaies officielles, que ce soit comme réserve de valeur ou moyen de paiement. Or, pour gagner en respectabilité et convaincre les indécis, ces crypto-monnaies doivent impérativement se faire adopter par un nombre croissant d’institutions et d’acteurs économiques. En espérant que cette reconnaissance fasse boule de neige.

A ce titre, le fait que Christie’s ait accepté de se faire payer en Ethers constitue une victoire importante, au même titre qu’un Tesla (NASDAQ:TSLA) investissant une partie de sa trésorerie en Bitcoins. Cela participe du processus contribuant à rendre ces monnaies plus acceptables. Ce qui est paradoxal car chacun sait que la seule raison pour laquelle Christie’s et Tesla ont misé sur les crypto-monnaies, c’est précisément pour leur valeur spéculative.

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Les NFT : un énorme marché potentiel

Mais l’essentiel est ailleurs. Car même si les crypto-monnaies disparaissaient un jour, la technologie du blockchain sera sans doute appelée à rester. C’est grâce à la blockchain, ce réseau informatique décentralisé, que l’œuvre digitale de Beeple a pu être convertie en jeton non fongible (NFT), c’est-à-dire authentifiée en tant qu’objet unique, identifiable, traçable et infalsifiable. C’est la principale différence avec les œuvres digitales d’autrefois, qui pouvaient être copiées en un seul clic. Et ça change tout. N’importe quel fichier ou document numérique peut désormais être converti en NFT et cette transformation offre une garantie d’exclusivité à son auteur ainsi qu’une assurance pour l’acheteur qui l’acquiert. Un énorme marché s’ouvre dès lors aux œuvres numériques certifiées.

Cela n’a d’ailleurs pas tardé. Depuis quelques semaines, on assiste à une véritable ruée sur les NFT proposées à la vente, qu’il s’agisse d’art digital ou de collectors dans les domaines du jeu vidéo, du sport et de la musique. Les prix frôlent parfois le ridicule comme ce chaton pixellisé parti pour l’équivalent de 600.000 dollars. Tout ça pour un GIF ou un JPEG qu’on ne peut même pas accrocher à son mur. Lors d’une autre vente aux enchères qui a eu lieu en janvier, un jeton non fongible est passé de 130 à 130.000 équivalents dollars en quatre jours. Et lors de la vente organisée par Christie’s, Jack Dorsey, le patron de Twitter a vendu son tout premier tweet – “just setting up my twttr” – pour la modique somme de 2,5 millions de dollars, qu’il entend reverser à une œuvre de charité.

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Cette folie spéculative commence d’ailleurs à attirer certains artistes célèbres et bien connus pour leur goût immodéré de l’argent. C’est le cas Damien Hirst, qui avait annoncé en février qu’il accepterait des paiements en Bitcoin ou en Ether lors de la vente de sa série de 8 lithographies de cerisiers du Japon intitulée “Les vertus”. Chaque litho était vendue au prix fixe de 3.000 dollars mais la quantité imprimée était fonction de la demande. Les résultats ont dépassé ses espérances. Plus de 4.000 acheteurs se sont déclarés intéressés par la vente, qui a rapporté 23 millions de dollars.

Convaincu que l’ère des crypto-monnaies allait lui faire gagner encore plus d’argent, Damien Hirst a annoncé qu’il vendra d’ici la fin de l’année un lot de dix mille dessins “tokénisés”, c’est-à-dire numérisés et convertis en jetons non fongibles. Fait significatif de “l’amour” qu’il porte aux crypto-devises, le lot portera le nom de ‘The Currency”.

L’un des avantages des NFT, c’est leur transparence et la possibilité d’y adjoindre un contrat intelligent. La blockchain permet, en effet, d’identifier en détail les propriétaires successifs d’une œuvre digitale et de retracer toutes les transactions qui l’ont entourée, étapes indispensables pour certifier son authenticité.

Il est également possible de spécifier dans le cadre d’un contrat intelligent, les conditions auxquelles l’œuvre peut être revendue. En effet, l’une des caractéristiques de ce nouveau marché, c’est qu’il permet à l’artiste qui a créé l’œuvre de toucher des droits sur toutes les transactions qui suivent car, à l’inverse d’une œuvre matérielle, l’acquéreur d’une NFT ne doit pas attendre un délai avant de pouvoir la revendre.

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Comme on pouvait s’y attendre, les NFT font également un tabac chez les collectionneurs de cartes Panini à l’effigie des vedettes sportives et autres célébrités. La NBA a déjà conclu un accord avec la plateforme Dapper Lab afin de vendre des cartes et des animations sportives sur le site NBA Top Shot. Les collectionneurs peuvent ensuite les échanger sur le marché secondaire avec la certitude qu’ils ont affaire à des GIF certifiés.

Une vidéo de la méga-star de la NBA LeBron James effectuant un slam dunk s’est ainsi vendue 250.000 dollars. Depuis un mois, Top Shot aurait vendu pour 250 millions de dollars de “collectibles”. Autant dire qu’avec les NFT, les clubs sportifs auront une nouvelle source de revenus, en plus du merchandising classique des maillots, casquettes et fanions.

Les crypto-devises se normalisent via l’art ou le sport

La plupart des sites d’enchères où l’on peut acheter et vendre des NFT sont de véritables chevaux de Troie des crypto-monnaies. D’abord parce que le plus souvent il est nécessaire de posséder ces devises dans un portefeuille digital pour pouvoir opérer. Il faut donc les acheter au préalable sur une plateforme d’échange spécialisée comme Coinbase, Kraken, Binance ou eToro, où l’on tente d’attirer les gogos à spéculer sur le Bitcoin. Ensuite, parce que la vente d’un jeton non fongible à l’effigie de LeBron James, de Lionel Messi ou encore d’un item de jeu vidéo permet aux crypto-monnaies de se normaliser, de s’approcher du mainstream. Cela permet de perpétuer l’illusion qu’un jour, on finira par tout acheter en ligne avec du Bitcoin ou de l’Ether.

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Il n’en reste pas moins qu’à l’image des crypto-monnaies, les NFT, les contrats intelligents et d’autres protocoles rendus possibles par la blockchain sont authentiquement disrupteurs. Ils rendent possible l’accès à une économie alternative : dématérialisée, désintermédiée, décentralisée, peer-to-peer, contournant les gatekeepers, échappant à la régulation mais cependant auto-régulée.

C’est une utopie comme toutes celles qui se sont développées sur Internet depuis ses débuts : le mouvement Open Source, les dot-coms, le peer-to-peer à la Napster, les réseaux sociaux avant qu’ils ne deviennent un immense business. Il est probable que dans un avenir proche, les Etats, les banques ou les géants de l’internet interviendront pour recadrer cette volonté d’affranchissement tout en récupérant ce que la blockchain offre de mieux.

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