La décision de la Banque du Canada la semaine dernière de laisser les taux d’intérêt inchangés n’a surpris personne et favorise une certaine stabilité, mais on ne peut s’empêcher de se demander si et quand les périodes de faible volatilité du taux de change USD/CAD et des marchés boursiers américains prendront fin. Mark Carney a répété que « au fil du temps, une réduction modeste de la détente monétaire sera probable », ce qui annonce d’éventuelles hausses des taux. Cependant, au vu de la dégradation de la situation économique en Europe et des pâles perspectives de croissance de l’économie canadienne, l’économiste de la Banque Nationale, Stéfane Marion, ne prévoit pas de resserrement de la politique monétaire avant 2014. Il n’est pas seul à le penser : Jim Rogers, investisseur réputé connu pour sa collaboration avec George Soros dans la gestion du fonds Quantum et pour sa prédiction du boom des matières premières à l’échelle mondiale, a fait part à de nombreuses reprises de son pessimisme pour les perspectives de 2013. La volatilité du taux de change USD/CAD atteint des creux records sur plusieurs années et l’indice VIX, qui mesure la volatilité sous-jacente des options sur indice S&P 500 et que l’on appelle aussi l’« indice de la peur », est passé en dessous de 20 (seuil de résistance clé). On peut se demander si ce calme annonce la tempête. Une étrange corrélation négative entre l’indice VIX et le taux USD/CAD (de -0,8), comme le montre le graphique ci-dessous, invite à une analyse plus approfondie d’un effet potentiel sur le dollar canadien, si la volatilité augmentait fortement dans les prochains mois.
D’un point de vue historique, il n’est pas inhabituel de voir l’indice VIX rester sous 20 pendant des périodes prolongées, mais un passage au-dessus du seuil de résistance clé a souvent entraîné une baisse des marchés boursiers, suivie d’une appréciation du dollar américain, au cours des 10 dernières années. Par défaut, cela a affecté le dollar canadien, car les investisseurs achetaient des actifs refuges pour se protéger contre l’incertitude ambiante. L’achat d’options permet de se couvrir contre ce type de scénario. Une volatilité
historiquement faible donne la possibilité de se protéger à moindres frais (par rapport à 2008-2009). Avec l’approche du mur budgétaire, pour lequel aucune solution claire n’a encore été formulée, une exposition sans couverture à la volatilité du taux de change pourrait être préjudiciable. Restez prudents et ne laissez pas vos marges exposées aux mouvements défavorables des cours !
Anton Tcheskis