Chypre jette un froid sur les bourses mondiales

Les bourses européennes s’essoufflent cette semaine et poursuivent leur baisse encore ce matin. Les indices ont été plombés par la crise financière que traverse Chypre. En effet, l’Union Européenne a proposé le week-end dernier un plan d’aide pour le sauvetage financier du pays, consistant à taxer les dépôts bancaires de toute personne titulaire d’un compte sur l’île, en l’échange d’une aide de 10 milliards d’euros environ. Cette mesure a été rejetée par le parlement chypriote et de nouvelles décisions sont en cours.

L’indice de la bourse de Paris cumule trois séances dans le rouge contre une dans le vert et depuis l’ouverture des marchés ce matin, le CAC40 perd déjà 0.51%. Sur cette semaine, l’indice perd 2.31%, fluctuant sur une tendance baissière et atteint un plus haut mercredi à 3 834.88 points contre un plus bas à 3 750.05 points aujourd’hui. Les valeurs bancaires qui composent l’indice ont été fortement touchées par la situation inquiétante à Chypre : le titre Société Générale perd environ 7.5% en variation hebdomadaire et se négocie aujourd’hui aux alentours des 27.42 euros contre 29.09 euros au plus haut lundi. Crédit Agricole chute de près de 8.2% sur 5 jours à 6.60 euros le titre contre 7.00 euros en début de semaine. Enfin, BNP Paribas encaisse un recul hebdomadaire de plus de 6% à 41.34 euros le titre contre 42.50 euros lundi au plus haut. En tête du palmarès, Bolloré gagne plus de 5.3% depuis le début de journée, à 310.15 euros contre 293.15 en début de semaine.

Ailleurs en Europe, la publication de l’indice allemand IFO du climat des affaires en baisse plombe d’autant plus les marchés ; l’indice affiche une baisse à 106.7 contre un consensus qui tablait sur un niveau de 107.6. Le Dax perd du terrain ce matin à -0.22% et sur la semaine affiche une baisse de 1.66%. L’indice a atteint un plus bas aujourd’hui à 7 876.36 points. L’indice de la bourse de Londres gagne peu de terrain à 0.06% en cette fin de matinée et se négocie à présent aux alentours des 6 392.39 points, affichant un repli hebdomadaire d’environ 1.50%. Le Footsie a atteint un plus haut lundi à 6 489.65 points contre un plus bas à 6 364.00 points hier.

Les bourses américaines ont reculé cette semaine, également affectées par le cas chypriote. Malgré certaines bonnes statistiques macroéconomiques aux Etats-Unis, le Dow Jones perd plus de 0.60% sur la semaine et atteint un plus bas mardi à 14 382.09 points contre 14 539.29 points au plus haut la semaine dernière. Le S&P 500 recule de 0.95% sur ces cinq derniers jours de cotation, affichant quatre séances en baisse et une en hausse, et atteint un plus bas à 1 538.57 points mardi. Par ailleurs, le Nasdaq 100 Index perd 0.88% ces cinq derniers jours.

Les indices boursiers asiatiques évoluent à la baisse cette semaine. L’indice de la bourse de Tokyo se replie de 1.77% sur la semaine, affecté par un indice d’activité en baisse à -1.4% contre -1.1% prévu et une balance commerciale en baisse à -1.09T contre -0.01T, signifiant que les biens importés ont été plus importants que les biens exportés au cours du mois de mars. Par ailleurs, le Hang Seng HK Composite Index recule de 1.09% cette sur la semaine, affichant un plus bas hier à 3 023.59 points lundi, malgré le bon chiffre de l’indice PMI manufacturier chinois HSBC en hausse à 51.70 contre 51.20 prévu.

Forex :
Au chapitre des devises, les marchés ont subi de forts décalages cette semaine en particulier suite au débat sur le plan de sauvetage de la Chypre, pays membre de la Zone Euro depuis 2008, qui n’a cessé d’être en récession depuis son intégration.

Après le refus du gouvernement chypriote concernant une taxe sur tous les dépôts bancaires qui allait mettre en faillite le pays, les ministres des finances de la Zone Euro tentent d’élaborer un plan B qui mettrait en place une taxe sur les dépôts bancaires qui s'appliquerait uniquement aux dépôts au-dessus de 100.000 euros, protégeant ainsi les petits épargnants chypriotes. Le système de taxation des dépôts à Chypre est une décision controversée des dirigeants de la Zone Euro car le risque de « bank run» est exacerbé dans ce contexte. L’économie chypriote ne représente à peine que 0,2% du PIB européen mais des banques étrangères, grecques notamment, sont fortement exposées à ce risque. Cette décision est donc susceptible de provoquer de l’instabilité bancaire dans le pays. Les ministres des Finances de la Zone Euro se réunissent ce dimanche à Bruxelles pour venir en aide à Chypre.

Du coté des chiffres macroéconomiques, le ZEW allemand ressort meilleur qu’attendu sur le mois de mars à 48.5 contre 48.1 anticipé et 48.2 le mois précédent mais le recul de l’indice manufacturier allemand qui ressort à 46.5 au lieu de 48.2 attendu a particulièrement surpris les marchés. L’indice des prix à la consommation au Royaume Unis ressort à 2.8% sur le mois de février, comme attendu mais les chiffres du chômage au Royaume Unis sont moins bons que prévus: les demandes d’allocation chômage diminuent de seulement 1500 demandes sur le mois de février contre 5 000 anticipées.

Concernant les Etats Unis, des mauvais chiffres au niveau de l’immobilier américain sont sortis cette semaine: les ventes de maisons existantes restent stables à 0.8%, par rapport au mois précédent, alors que les analystes attendaient le double, les mises en chantier sont en faible hausse, de 0.8% pour le mois de février contre 2.8% attendues mais les permis de construire progressent de 4.6% contre 2.3% attendus. Les demandes d’allocation chômage diminuent à 366 000 nouvelles demandes cette semaine contre 340 000 demandes attendues.

Cette semaine, La monnaie unique perd du terrain par rapport à ses principales contreparties, ce qui est globalement positif pour l’économie européenne et sa croissance. L’euro est repassé sous la barre des 1.30$. La paire EUR/USD recule de 1.12% sur la semaine touchant un plus bas à 1.2842$. La livre sterling affiche une forte remontée face à la monnaie unique et prend 1.64% sur la semaine.

Du côté du japon, le yen profite de l’incertitude en Zone Euro pour se repositionner comme actif sûr auprès des investisseurs et gagne 1.84% face à la monnaie unique. Le cross USD/JPY recule de 0.81% sur la semaine. Le dollar gagne du terrain face à sa contrepartie canadienne avec 0.56% de hausse sur la semaine. Le dollar australien se reprend fortement face au dollar américain. L’Aussie (AUD/USD) passe de 1.03685$ à 1.04282$ cette semaine, soit une hausse de 60 pips.

Matières premières :
Sur le front des matières premières, le pétrole a connu une semaine difficile, impacté principalement par l’actualité tumultueuse au sein de l’Union Européenne, notamment à Chypre avec la volonté de mettre en place une taxation sans précédent sur les dépôts bancaires. Ceci a pesé de manière considérable sur le prix du baril ; les opérateurs anticipant une contraction marquée de l’activité économique mondiale dans les prochaines semaines, pesant forcément sur la demande d’or noir. L’annonce non prévue mercredi de la baisse des stocks hebdomadaires de brut aux Etats-Unis a permis au pétrole de se reprendre en milieu de semaine mais n’a pas été suffisante pour contrecarrer la tendance baissière de cette semaine.

En outre, l’Agence américaine d’information sur l’énergie a annoncé un recul des stocks de pétrole brut de 1,31 millions de barils, à 382,66 millions, alors que le consensus tablait sur une hausse de 2 millions de baril. C’est en réalité l’annonce de l’OPEP hier qui a plombé les cours, cette dernière ayant confirmé la baisse de sa production dans les semaines à venir afin de s’adapter à la demande mondiale, sur fonds de retour de crise budgétaire européenne et de doutes quant à la tenue de la reprise économique outre-Atlantique. Ainsi, sur l’ensemble de la semaine, le contrat à terme WTI d’échéance Mai 2013 lâchait 1,28%, à 92,43 dollars le baril. La fin de semaine ne risque pas d’impacter les cours jusqu’à la clôture, peu d’annonces macro-économiques étant à attendre cet après-midi. Même tendance sur le Brent de la Mer du Nord, beaucoup plus touché par les remous chypriotes que son homologue américain, le contrat à terme de même échéance ayant abandonné 2,38%, et se traitant à mi-séance européenne aux encablures des 107,20 dollars le baril.

Au niveau du métal jaune, en raison des différentes craintes des investisseurs quant à la situation en zone euro et plus précisément à Chypre, l’or a tenu globalement pour cette semaine son rôle de valeur refuge. En effet, lundi matin, l’or s’est apprécié de 0,8% par rapport au dollar américain, affichant son plus haut niveau depuis le mois de Février en atteignant le cours de 1 608,60 dollars l’once. Dans la journée de mardi, la tendance haussière s’est confirmée et le cross XAU/USD s’est échangé le lendemain à son plus haut, à 1615,56 dollars l’once, soit au-dessus de sa première résistance fixée à 1614 dollars l’once. Après être resté dans un range compris entre 1611,76 dollars et 1604,02 dollars, le XAU/USD a rebondi sur son pivot fixé à 1607,61 dollars et s’est adjugé à son plus haut, à 1617,06 dollars de l’once, soit aux mêmes encablures que celles franchies durant la journée de mardi.