Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a remporté il y a quelques heures les élections législatives anticipées qu’il avait provoquées. Ce très large plébiscite doit lui permettre de poursuivre sa politique économique et monétaire que nous présentons régulièrement, les fameuses mesures « Abenomics ». Pourtant, les trois « flèches » qui composent la politique de Shinzo Abe ne donnent pour le moment aucun résultat. Décryptage.
C’est en effet l’évènement de ce début de semaine et certainement le dernier d’un point de vue boursier pour 2014. L’écrasante victoire politique de Shinzo Abe garantit aux marchés financiers la poursuite de la très forte dévaluation du Yen. En l’espace de deux ans, la monnaie nippone a notamment perdu près d’un tiers de sa valeur face au dollar américain. Cette très forte dévaluation, volontaire, devait permettre à l’archipel de booster sa balance commerciale. Si les exportations ont logiquement progressé, du fait d’une monnaie faible, le coût des importations a littéralement explosé. Notamment les valeurs énergétiques, particulièrement importantes depuis 2011 puisque le Japon a fermé ses centrales nucléaires suite à la catastrophe de Fukushima.
Il y a trois semaines, les marchés financiers découvraient avec stupeur l’un des éléments forts de cette fin d’année : l’entrée en récession du pays. Et ce, malgré les volontés ambitieuses affichées par Shinzo Abe. En parallèle, le Premier ministre souhaite abaisser l’endettement abyssal de son pays. Celui-ci devrait atteindre … 245% du PIB en 2014 ! Il s’agit d’un record au niveau des pays développés de l’OCDE. Le bémol central quant à cet endettement provient de la nature des fonds : l’Etat japonais est en partie endetté auprès de son propre peuple. Pour autant, lutter contre cet endettement monstrueux passe en partie par un relèvement des taxes.
Ce fut chose faite en avril dernier avec un relèvement de la TVA qui a, littéralement, détruit la consommation intérieure du pays. En d’autres termes : la plupart des moteurs économiques sont désormais en panne au sein de la troisième puissance économique mondiale. Mais Shinzo Abe provoqua ces élections, constatant l’absence totale de concurrence politique. A ce stade, les vraies réformes structurelles se font toujours attendre au Japon et la seule chose dont nous pouvons être sûrs pour les prochains mois est que la Banque centrale japonaise, la BoJ, va continuer d’inonder les marchés mondiaux de liquidités. En d’autres termes, le yen va lentement poursuivre sa chute. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !