L’annonce par la Deutsche Bank (DE:DBKGn) qu’elle risquait une amende de 14 milliards de dollars aux États-Unis, dans le cadre de la crise des « subprimes », a fait l’effet d’une bombe dans le milieu financier. Sur le marché de la dette, les créanciers obligataires accusent le coup.
Le département de la Justice américaine (DoJ) reproche à la deuxième banque allemande, après la Commerzbank (DE:CBKG), d’avoir vendu entre 2005 et 2007, avant que n’éclate la crise financière de 2008, des titres financiers adossés à des prêts hypothécaires résidentiels douteux (« subprimes »). Ils sont à l’origine des pertes abyssales subies par de nombreux investisseurs il y a huit ans.
Deutsche Bank a déjà fait savoir qu’elle contestait le montant réclamé par les autorités américaines, lesquelles ont invité la banque à soumettre une contre-offre. « Les négociations ne font que commencer », a précisé l’institution allemande.
S’il était confirmé, il s’agirait du montant le plus important jamais réclamé à l’encontre d’une banque aux États-Unis. Toutefois, de nombreux analystes estiment que la Deutsche Bank devrait finalement payer nettement moins.
Coup dur
En attendant, c’est un nouveau coup dur pour la Deutsche Bank qui est inculpée dans plus de 8.000 litiges dans le monde. Outre son comportement dans la vente de crédits hypothécaires, l’établissement financier est également épinglé pour des opérations sur le marché des changes, soupçonné de blanchiment d’argent et suspecté de pratiques douteuses sur les marchés actions en Russie.
La banque a provisionné 5,5 milliards d’euros pour faire face à ces litiges. Une amende supérieure aux États-Unis obligerait sans doute la Deutsche Bank, en pleine restructuration et malmenée par l’environnement de taux bas, à faire appel au marché, notamment par une augmentation de capital.
Les rendements en hausse
Sur le marché de la dette, les cours des emprunts Deutsche Bank sont nettement orientés à la baisse.
L’obligation subordonnée Deutsche Bank (4,5% - 2026) peut être achetée à 98,77% du nominal, correspondant à un rendement de 4,66%. Cette ligne obligataire est disponible par coupures de 100.000 euros en nominal pour une taille de 750 millions.
Pour l’obligation subordonnée Deutsche Bank (2,75% - 2025), il faut compter sur un cours de 93,53% du nominal, correspondant à un rendement de 3,66%. La coupure de négociation est de 1.000 euros pour une taille de 1,25 milliard.
Ces deux lignes obligataires sont notées « BB+ » dans la catégorie « high yield » chez Standard & Poor’s tandis que Deutsche Bank bénéficie d’un rating « BBB+ » (« investment grade »). Cette différence s’explique par un risque plus élevé lié au caractère subordonné de ces emprunts.