Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le S&P500 a battu mercredi soir son 31ème record absolu depuis le 25 octobre (cette fois, le prétexte, c’était la signature du “trade deal” sino-américain, mais cela aurait aussi bien pu être la couleur de cravate de Jerome Powell), au sein d’une vague haussière de 72 séances depuis le point d’origine du 3 octobre dernier.
Au bout de 15 semaines de hausse (ou 14 sur 15 pour le S&P ou le Nasdaq) – et on se dirige tout droit vers une 16ème – quelques gérants commencent à convenir que le “marché” devient un peu “tendu”… et osons l’adjectif : suracheté.
Cela fait déjà plus de 9 semaines que les indicateurs techniques défient les lois de la gravité, repoussent les limites du connu, cela fait 9 semaines que les opérateurs sous-investis attendent en vain un “retracement” afin de pouvoir tenter quelques achats et accompagner un train de la hausse que chacun sait totalement déconnecté des “fondamentaux”.
L’exemple ultime, celui qui résume le mieux les “caractéristiques de l’époque”, c’est Apple (NASDAQ:AAPL) dont le bénéfice a stagné en 2019 (certes à de hauts niveaux) mais dont le cours s’est envolé de +100% -très exactement- depuis le 15 janvier 2019, pour une capitalisation de 1.370Mds$.
Ce qui signifie que le N°1 américain additionné au N°2 Microsoft (NASDAQ:MSFT), cela pèse autant que le CAC40, et même notre SBF120.
Et à la question “faut-il remettre les compteurs à zéro et changer son fusil d’épaule pour 2020″… la réponse est déjà claire et sans bémol : non, on prend les mêmes et on recommence tout pareil !
Apple (NASDAQ:AAPL) gagne déjà 6,5% depuis le 1er janvier, Microsoft (NASDAQ:MSFT) +3,5%… et surtout Tesla (NASDAQ:TSLA) +25% en 9 séances puis 100% en 3 mois, avec une “capi” qui flirte avec les 100Mds$, soit 2 fois la “capi” de General Motors (NYSE:GM), 8 fois celle de Renault (PA:RENA) qui affiche déjà -5,5% depuis le 1er janvier.
Tesla (NASDAQ:TSLA) Vs Peugeot (PA:PEUP) : une symétrie en sens inverse
Enfin, la capitalisation de Tesla (NASDAQ:TSLA) a déjà augmenté en 15 jours de l’équivalent de celle de Peugeot… qui aligne symétriquement 6 séances de repli consécutif et rebascule sous les 20€.
Peugeot (PA:PEUP) perd désormais -6,3% depuis le 1er janvier et -9% depuis la mi-décembre… tandis que Tesla (NASDAQ:TSLA) a pris 50% depuis le 13 décembre .
Mais la symétrie avec Tesla (NASDAQ:TSLA) est encore plus frappante si on réalise que Peugeot (PA:PEUP) aligne 16 séances de baisse sur 18 depuis le pullback sous les 23€ du 18 décembre tandis que Tesla aligne 17 séances de hausse sur 20 au cours du même intervalle.
Sur Peugeot (PA:PEUP), on a l’impression de revivre le même scénario cauchemardesque du 12 novembre (24,5€) au 10 décembre (20,8€), mais en pire en terme de performance.
Et puisque ce sont toujours les mêmes qui gagnent (nos champions du luxe battent record sur record depuis le 1er janvier) et toujours les mêmes qui trinquent, nous en apportons la démonstration -au delà du secteur automobile- avec Orange qui avait mal fini l’année 2019 et qui entame plus mal encore l’année 2020.
Cet archétype de titre “value” vient de casser le plancher majeur -et très long terme- des 13,12€ du 22 juillet et 30 décembre… mais également du 24 juin et 14 septembre 2016 : le titre s’enfonce désormais sous 12,85€ (ex plancher majeur du 24 août 2015), en direction cette fois des 10,70€, un plancher plus revu depuis mi-octobre 2014.
Plus que jamais, ce début d’année 2020 illustre cette même maxime qui s’impose depuis le 3 janvier 2019: achetez les TGV (“growth”), fuyez les trains de marchandise (“value”)… et ne tentez à aucun prix de résister à la dictature du “Benchmark”.
Ce début d’année 2020 illustre à merveille ce mot d’ordre : “don’t buy the dips: just buy” (ne cherchez pas à acheter les creux : achetez… tout simplement).