Le spécialiste du traitement industriel de l'eau Ekopak, mis en bourse il y a peu sous l’impulsion de Marck Coucke (50% du capital), signait l’une des plus fortes hausses ce lundi à Bruxelles. Focus sur cette action de niche dont le potentiel ne laisse manifestement pas indifférent...
Sans raison apparente, l’entreprise qui a mis au point un système de filtrage ultra-perfectionné affichait à la clôture un gain de 7,60%, après avoir bondi de 13% en séance.
Ce week-end, son CEO Pieter Loose est certes sorti du bois dans une interview accordée au Tijd. Un entretien dans lequel le jeune entrepreneur fait notamment le point sur les projets en cours.
La société de Thielt s'est pour mémoire fait un nom grâce à ses technologies de pointe permettant aux entreprises d’optimaliser leur consommation d’eau.
Comment ? via des process industriels (refroidissement, chauffage, traitement, rinçage ou nettoyage) favorisant la réutilisation des eaux usées après épuration. Garanties sans produit chimique, ces technologies permettent en bout de course de faire baisser les coûts des entreprises.
"Tandis que l'eau potable devient de plus en plus chère, nous permettons aux entreprises de faire baisser de 30 à 40% leur facture, ce qui renforce leur compétitivité", note Peter Loose.
Vers une croissance sans précédent grâce à WAAS ?
"Sachant que l’industrie flamande (textile, chimique, pharmaceutique…) utilise à elle seule près d’un quart de l'eau potable de la Région, il y a de la place pour la croissance", ajoute le CEO.
Et ce d’autant plus en marge du déploiement par Ekopak du concept WAAS (Water-as-a-Service), susceptible d’engendrer une croissance "sans précédent des revenus et bénéfices".
Dans le cadre de cette formule de leasing, la société met à disposition des "fabriques d'eau" dont elle s’occupe de l’installation, de l'exploitation et de la maintenance, en facturant les mètres cubes livrés d’eau recyclée et traitée.
Selon KBC Securities, qui s’est chargé (avec Berenberg) de la mise en bourse d’Ekopak, cette solution laisse entrevoir pour la société un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros à l’horizon 2025 (9,5 millions l’année passée) et des bénéfices de… zéro ces dernières années à huit millions d'euros.
Takeda, Darta, Eastman...
Concernant les projets en cours, une installation vient d’être mise en service pour l'entreprise pharmaceutique japonaise Takeda à Lessines. Elle permettra de réutiliser quelque 600 millions de litres d'eaux usées par an, soit l’équivalent de la consommation de 18.000 personnes... Lessines devient au passage le premier site pharma au monde à réutiliser 90% de ses eaux usées.
L’entreprise chimique Eastman, le producteur de films de cuivre Circuit Foil au Luxembourg et le transformateur de légumes Darta ont parmi d’autres, également sollicité les services d’Ekopak.
On apprenait également il y a quelques semaines la signature d’un contrat de plusieurs millions d’euros avec Vynova, producteur européen de PVC. Pour ce dernier, Ekopak construira à Tessenderlo une installation capable de purifier un million de mètres cubes d'eau, lesquels seront réintroduits dans le processus de production.
Une action chère ?
Depuis son introduction en bourse il y a trois mois, Ekopak a vu son cours augmenter de 16% à 17,40 euros. Vu sous un autre angle, la valeur peut paraître chère sur fond d’un ratio de cours sur bénéfice très élevé (plus de 200x).
Mais Ekopak est assurément le genre de valeur qui plaît aux investisseurs qui voient à long terme (comme pour les AirBnb & Co qui n’ont pas encore réalisé de bénéfice) et qui considèrent la valorisation de l’action malgré tout attrayante.
En outre, le marché anticipe sans doute une réglementation plus stricte sur l'eau en Belgique et en Europe qui sera profitable aux activités du groupe flandrien. A coup sûr, le titre bénéficie également du succès des fonds durables (ESG) qui font face à des entrées de capitaux colossalles.
Enfin, certains brokers voient en Ekopak une potentielle cible d’acquisition du fait de son positionnement « disruptif » dans le secteur du traitement des eaux.
Bref, un dossier assurément à suivre pour qui croit en ce marché de niche…