(DailyFX.fr) - Les spéculations vis-à-vis d'une poursuite de la politique accommodante de la Réserve fédérale pesant toujours sur le dollar US, l'euro a terminé la semaine dernière en nette hausse face au billet vert.
Les dernières séances de trading nous ont clairement montré que les opérateurs continuent d'interpréter les mauvaises statistiques américaines comme preuve que la Fed choisira de défendre sa politique monétaire actuelle cette semaine lors de la réunion du FOMC attendue mercredi. Et selon le journaliste Jon Hilsenrath du Wall Street Journal, considéré sur les marchés comme un "porte-parole" non-officiel de la Fed, le président de la banque centrale Ben Bernanke et ses collègues pourraient affiner les objectifs vis-à-vis du taux de chômage nécessaire pour commencer à parler sérieusement d'une hausse des taux. La possibilité de voir la Fed abaisser ce taux de chômage cible, actuellement à 6,5%, plaiderait naturellement en faveur d'une dépréciation du dollar américain. Mais en même temps, la probabilité de voir la Fed ralentir son programme de rachats d'actifs en septembre pourraient limiter la casse si les opérateurs considèrent une telle décision comme une première étape d'un nouveau cycle monétaire aux Etats-Unis.
Avant cette réunion du FOMC très attendue mercredi, il faudra également porter attention à la publication du PIB espagnol mardi matin. La semaine dernière, nous avons vu un resserrement de l'écart des taux entre les pays de l'Europe du Sud et les pays du Nord alors que les marchés anticipent la fin d'une récession profonde dans les économies les plus pénalisées par la crise de la dette en zone euro. Le marché espagnol a notamment sur-performé la semaine dernière avec la Bourse de Madrid affichant un gain de 5,17% contre -1,104% à Francfort, -1,14% à Londres, et +1,11% à Paris. Même si les analystes prévoient une contraction de l'économie espagnole au deuxième trimestre, le consensus étant établi à -1,8%, une baisse moins marquée serait positive pour l'euro car cela serait en ligne aux attentes d'un début de reprise en Europe par la Banque centrale européenne (BCE).
A ce sujet, la décision des taux de la BCE jeudi sera sans doute un événement déterminant pour la semaine. Lors de la dernière réunion en juin, le président de la banque centrale Mario Draghi a annoncé un changement majeur de sa politique en adoptant un "forward guidance" selon lequel les taux d'intérêt en zone euro resteront bas durant "une longue période", voire se replieront encore une fois. Après les mouvements sur le marché obligataire européen en mai, Draghi a voulu faire reculer les taux longs en laissant la porte ouverte à une nouvelle baisse du taux refi et même à un taux de dépôt négatif.
Clairement, si nous voyons la Fed maintenir sa politique actuelle inchangée sans modification de son forward guidance mercredi soir, l'euro pourrait se trouver sous pression par la suite du fait des attentes vis-à-vis de la BCE qui sont fondamentalement baissières pour la monnaie unique.
Enfin, plusieurs statistiques importantes seront également publiées aux Etats-Unis cette semaine. Les opérateurs vont d'abord se chauffer avec les publications des ventes de logements en cours cet après-midi suivie par celle de l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board demain. Mais c'est surtout la publication des premières estimations du Produit intérieur brut (PIB) mercredi qui sera à scruter attentivement. Selon les estimations actuelles, l'économie américaine a crû de 1,0% (glissement annuel) au deuxième trimestre après 1,8% durant les trois premiers mois de l'année. L'interprétation de cette publication pourrait être compliquée par le fait que le Bureau of Economic Analysis va dévoiler ses nouvelles définitions et méthodologies pour le calcul du PIB. Ces révisions historiques rendent difficile la tâche de prévoir la croissance aux Etats-Unis, et de ce fait il sera moins évident de trader cette publication mercredi.
Enfin, jeudi les opérateurs scruteront la publication de l'indice ISM manufacturier après la conférence de presse de Draghi. Compte tenu des mouvements sur l'euro durant le discours du président de la BCE, nous aurons à priori une idée claire de la tendance du marché pour trader l'ISM. Le marché s'attend à une nouvelle progression du secteur manufacturier américain en juillet, ce qui est en ligne avec l'indice "flash" PMI publié par Markit la semaine dernière (53,2 contre 51,9 en juin).
Il est donc probable que l'impact de l'indice ISM soit moindre compte tenu des attentes du marché. Après la BCE donc, les opérateurs pourraient opter pour la prudence en attendant la publication clé du rapport mensuel sur l'emploi américain, les Non-Farm Payrolls, vendredi après-midi. Le marché s'attend à une baisse du taux de chômage de 7,6% à 7,5% lors de cette publication, mais il faudra surtout regarder l'évolution du taux de participation sur le marché du travail pour apprécier le chiffre publié. Si le taux de chômage baisse en même temps que le taux de participation baisse, cela serait normalement baissier pour le dollar américain du fait des fondamentaux qui renforceraient la probabilité de voir la Fed poursuivre sa politique de taux bas sur le long terme.
Calendrier Economique DailyFX
Analyse Technique
L'évolution du cours de l'EURUSD ces derniers mois montre que le marché est indécis quant à la tendance future de la paire. Sur le graphique hebdomadaire, une ligne de tendance baissière à proximité des plus hauts de juin pourrait être une zone où les vendeurs commenceront à entrer sur le marché. Plus l'EURUSD s'approche de la résistance à 1,3400 donc, plus il faudra adopter un biais prudent sur le paire. Sous ce niveau, il serait probable de voir l'euro repartir à la baisse durant le reste du trimestre avec une possibilié de retomber vers 1,28.
EURUSD, Chandeliers hebdomadaires
Sur le court terme, la tendance reste favorable depuis trois semaines alors que les acheteurs continuent de prendre position lors de replis vers les supports techniques. Le premier support à étudier cette semaine se trouve à 1,3250, ancienne résistance cassée la semaine dernière. Au-dessus de ce niveau, nous continuerons de privilégier des achats sur le court terme pour viser 1,3330. Mais si une correction sous 1,3250 s'effectue aujourd'hui ou demain, il serait envisageable de voir l'euro revenir à 1,3220 avant mercredi. Ceci est le dernier niveau au-dessus duquel nous continuerons de privilégier des stratégies acheteuses.
Supports : 1,3075 ; 1,3165 ; 1,3220 ; 1,3250
Résistances : 1,3300 ; 1,3330 ; 1,3400
EURUSD, Chandeliers de 240 minutes
Par Adrian Raymond, Analyste de Marché pour DailyFX.fr
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