Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Bizarre ces derniers jours sur les marchés… Certes, plusieurs de mes anticipations ou ressentis tendent à se confirmer, notamment sur l’or, avec des cours à nouveau orientés à la hausse hier soir dans le sillage de la décision de la FED, et sur le CAC, propulsé vers de nouveaux sommets à la suite des commentaires accommodants de Mario Draghi depuis le forum annuel organisé à Sintra (Portugal).
Pour autant, dans les deux cas, la manière et le comportement m’ont quelque peu dérouté, notamment pour l’indice de référence de la Bourse de Paris.
En effet, quand je vous faisais part en début de mois d’un biais haussier (objectivement prudent vu le contexte de l’époque), je m’attendais surtout, si rebond il devait y avoir, à ce que ce dernier ait le secteur bancaire comme catalyseur. Ce qui, « normalement », aurait dû aller de pair avec une remontée des taux longs. Eh bien que nenni, car les rendements de l’OAT ont fini par basculer en territoire négatif avant-hier, ce qui n’a pas empêché les valeurs financières et bancaires de suivre le rebond…
Mario Draghi, « dovish » à contre-courant
Le timing des déclarations de Mario Draghi m’a également interpellé. Pourquoi ne pas avoir adopté cette tonalité le 6 juin dernier, date de la dernière conférence officielle de la BCE ? En effet, je ne vois guère de grosse dégradation économique dans l’intervalle susceptible de justifier un tel revirement, les indicateurs publiés depuis ayant surtout alimenté le scénario d’un ralentissement.
Et autant voir ce type de propos surgir en 2012 en pleine crise de la zone euro (avec le fameux « whatever it takes ») ou, pour ce qui est de la Fed, lors de la funeste crise des subprimes, me semble se justifier, autant j’avoue avoir du mal à comprendre les tenants et aboutissants d’une telle posture en cette fin de printemps.
Mario Draghi veut-il terminer son mandat comme le Messie ? Quoi qu’il en soit, je souhaite bon courage à son successeur, qui reprendra le flambeau en octobre prochain avec les mains liées… A noter que certains membres de l’institution monétaire ont eux aussi semblé surpris par la rhétorique de leur patron.
Reste qu’à 24 heures de la séance des « quatre sorcières », cette fin de trimestre boursier s’annonce sous les meilleurs auspices. Mais au fait, quelles sont les caractéristiques globales de cette séance d’expiration ?
Une fin de trimestre sur du velours ?
Disons pour faire simple que les troisième vendredi de chaque mois de mars, juin, septembre et décembre connaissent en général un regain de volatilité lié à l’expiration simultanée de quatre « dérivés ». Options et futures sur indices et sur actions arrivent en effet tous à échéance à la même date, sachant que contrairement aux futures sur indices, qui expirent de manière mensuelle, les futures sur actions expirent pour leur part de manière trimestrielle.
Or, tout l’enjeu pour les banques, teneurs de marché et émetteurs de produits dérivés est de tenter de faire arriver les cours de compensation au-delà de caps choisis, le plus souvent au-dessus de seuils ronds (5 500/5 600 points sur le CAC) autour desquels beaucoup de particuliers avaient pris position.
Rappelez-vous que quand vous achetez des options et autres produits dérivés, vous les achetez à une banque émettrice. Autrement dit, c’est elle qui vous les vend… et son but est de tenter de tirer profit au maximum des (mauvais) paris pris par les opérateurs.
Typiquement, quand au début du mois de nombreux intervenants ont pris de trop nombreux paris baissiers, parvenir à entretenir la hausse – et faire expirer les Put et autres contrats à terme ou options de vente sans valeur résiduelle (car avec un cours de compensation de l’indice alors situé au-delà du strike) – est un exercice bien connu des vendeurs d’options (et donc des banques et autres salles de marché). Qui auront, eux, encaissé la prime entretemps…