Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Quel week-end ! Entre la Fed qui perd ses membres et un record historique du Bitcoin à plus de 7 000$, l’actualité économique a été riche.
▶ La Fed décapitée
Toujours à la rubrique « démission », il y a celle (non motivée et qui a pris tout le monde par surprise) de Bill Dudley, le troisième membre le plus important de la Fed et qui supervise celle de New York. C’était un « faucon » qui était l’un des seuls à disposer, avec Janet Yellen et l’ex-n°2 Stanley Fischer, démissionnaire lui aussi il y a 1 mois et pas encore remplacé, d’un droit de vote permanent au sein de la Fed… Il a toujours voté en faveur d’une hausse de taux, craignant que le faible taux de chômage n’engendre une brusque poussée d’inflation, ce qui ne s’est jamais produit depuis 7 ans. Autrement dit, cela signifie que Wall Street va se retrouver orphelin de son principal superviseur, de la n°1 (Janet Yellen n’est pas reconduite) et du n°2, tout cela en l’espace d’un mois… du jamais vu !
Je n’ai pas souvenir que la Fed ait connu une telle séquence de recomposition/défections… mais cela ne bouleverse pas Wall Street puisqu’avec la nomination de Jerome Powell, Trump valide le « changement dans la continuité ». Il s’ensuit une nouvelle pluie de records absolus, tous indices confondus : le CAC40 Global Return à 14 020, le DAX30 à 13 500, le Dow Jones à 23 550, le S&P500 à 2 588, le Nasdaq à 6 764… et le VIX qui flirte avec son plancher absolu à 9,20.
Ah, n’oublions pas le Bitcoin qui vient d’inscrire un nouveau record à 7 600$ dimanche.
▶ Comment devenir riche avec le Bitcoin
J’attire d’ailleurs votre attention sur des pics d’activité survenant sur le Bitcoin durant les week-ends, quand il ne se passe rien sur le Forex, quand la City, Tokyo et Wall Street sont fermés et lorsqu’aucun arbitrage ne peut justifier une hausse de sa volatilité. Mais si vous êtes insomniaque à Paris, Moscou, Berlin… si vous vous ennuyez au fin fond ou du Nebraska, de la Patagonie ou de l’Outback australien, eh bien réjouissez-vous, il se passe toujours quelque chose sur le Bitcoin aux heures théoriquement les plus creuses !
Il y a eu du sport sur le BTC entre 20h samedi et 2h du matin dimanche sur cette cryptodevise. Mais qui « travaille » le Bitcoin quand 95% des habitants de la planète ne font ni du trading ni de shopping sur Internet ?
A part des « bots » (des robots) et des hedge funds (qui font tourner des « bots »), je me demande bien qui anime le Bitcoin puis le fait flamber de 200$ en quelques minutes dimanche midi (et cela aurait aussi bien pu être 1 000$ de moins, 15% d’écart en une demi-journée, cela n’a rien d’extraordinaire).
Si vous n’avez aucune compétence économique, aucune idée de ce qu’est une « monnaie » (et encore moins une « crypto » ou une blockchain) mais que vous savez pourquoi le Bitcoin s’est comporté comme je l’ai décrit ce week-end… alors allumez votre ordinateur à 3h00 du matin pendant que votre famille dort, ouvrez votre plateforme de transaction favorite, entrez votre clé de cryptage (les « bots » font ça en quelques millièmes de secondes, il vous faudra plusieurs minutes)… Ça y est, vous y être : lancez-vous dans le trading sur le BTC et préparez-vous à changer de voiture en 48h, de logement en une semaine, de mode de vie en une quinzaine ! (ou suivez ces conseils pour savoir comment faire précisément).
Le BTC s’est envolé de +50% d’un seul élan (+2 500$) : imaginez prendre un petit levier classique de 5 sur 100 000$ (classique pour un hedge fund ou des gros bras). Vous achetez 100 Bitcoin à 5 100$ et en 15 jours, vous faites un gain net de 2,5 M$ : vous renouvelez l’opération 4 fois dans l’année parce que vous n’êtes pas trop frénétique ni trop gourmand de nature… et vous voilà avec 10 M$ en poche pour une mise de départ de seulement 100 000$ : fini les transports en commun, les lignes de RER inondées et les heures sup’ !
Et tout cela sans jamais frissonner en jetant un coup d’oeil aux journaux télévisés. Tout comme le VIX, le Bitcoin est immunisé contre les essais nucléaires nord-coréens, l’imprévisibilité de Donald Trump, les mauvais chiffres économiques, les bons chiffres économiques, l’absence de chiffres économiques, l’Himalaya de mauvaises dettes chinoises, la bulle immobilière mondiale, les errements théoriques de banques centrales, les chamboulements géopolitiques et les guerres au Proche-Orient, les démissions inexpliquées à la Fed ou la couleur de cravate de Macron. Le Bitcoin n’est relié à rien qui fasse partie de notre quotidien… donc si une hystérie spéculative de type bulbes de tulipes dot.com 2.0, s’en empare, rien ne peut l’arrêter. Remarquez… Il fallait bien qu’émerge quelque part dans l’univers financier un « trou noir » capable d’engloutir toute monnaie-dette extraite du néant par les banques centrales.